Israël reconnaît des tirs de sommation sur des diplomates en visite en Cisjordanie occupée

Les membres d’une délégation diplomatique de l’UE après des coups de feu alors qu’ils se rassemblaient à l’entrée est du camp de Jenin lors d’une visite dans la ville de Jenin, le 21 mai 2025 - Mohammad Ateeq / AFPTV / AFP
Des diplomates étrangers sous le feu en Cisjordanie occupée. Alors qu'ils participaient ce mercredi 21 mai à une visite organisée par l'Autorité palestinienne à Jénine -zone au coeur d'une offensive militaire israélienne -, les diplomates, dont un Français, ont été visés par des tirs israéliens.
L'armée israélienne a reconnu des tirs de sommation après que la délégation se soit "écartée de l'itinéraire approuvé et est entrée dans une zone où elle n'était pas autorisée à se trouver".
"Les soldats de l'armée israélienne opérant dans la zone ont tiré des coups de semonce pour les éloigner", a précisé Tsahal dans un communiqué ajoutant "regretter les désagréments causés". L'armée israélienne a annoncé qu'elle s'entretiendrait "prochainement avec les diplomates".
L'Autorité palestinienne a quant à elle dénoncé des tirs "directs" à "balles réelles". Le ministère palestinien des Affaires a dénoncé "une violation flagrante et grave du droit international", condamnant "dans les termes les plus fermes le crime odieux commis par les forces d'occupation israéliennes".
"Les menaces contre les diplomates sont inacceptables"
Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a annoncé sur X convoquer l'ambassadeur d'Israël "pour s'expliquer", qualifiant d'"inacceptables" les tirs "essuyés" par les diplomates, dont un Français.
Le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani a également annoncé la convocation de l'ambassadeur d'Israël en Italie. "Nous demandons au gouvernement israélien des éclaircissements immédiats sur ce qu'il s'est passé. Les menaces contre les diplomates sont inacceptables", a-t-il dénoncé dans un message sur X.
La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a également déclaré depuis Bruxelles que toute menace contre la vie de diplomates est "inacceptable".
"Nous appelons Israël à enquêter sur cet incident et demander des comptes à ceux qui en sont responsables", a-t-elle ajouté devant la presse.
Le ministre belge des Affaires étrangères Maxime Prévot s'est dit "choqué" et a exigé "des explications convaincantes" de la part d'Israël. Ces tirs ont visé selon lui "une vingtaine de diplomates" en Cisjordanie occupée, dont un Belge qui "va bien".
"Ces diplomates effectuaient une visite officielle à Jénine, qui avait pourtant été coordonnée avec l'armée israélienne, dans un convoi d'une vingtaine de véhicules clairement identifiables", a protesté le chef de la diplomatie belge.
"Nous condamnons fermement"
Le ministère des Affaires étrangères espagnol a de son côté "condamné fermement" ces tirs. "Le ministère enquête sur tout ce qui s'est passé. Il y avait un Espagnol dans le groupe de diplomates, qui se porte bien. Nous sommes en contact avec d'autres pays concernés pour apporter une réponse conjointe à ce qui s'est passé, que nous condamnons fermement", a indiqué le ministère dans une courte déclaration transmise à l'AFP.
Selon des sources diplomatiques, des diplomates de Chine, du Japon et du Mexique ainsi que de plusieurs pays européens, dont la France, les Pays-Bas et la Roumanie participaient à cette visite.
"C'était la dernière partie de la visite, et soudain nous avons entendu des coups de feu venant du camp" de réfugiés de Jénine, a déclaré à l'AFP un diplomate sous couvert d'anonymat. "Ce n'était pas juste une ou deux fois. C'était comme des tirs répétés. C'est de la folie. Ce n'est pas normal", a-t-il ajouté.
L'incident survient sur fond de pressions internationales accrues sur Israël pour sa conduite de la guerre à Gaza, où de nombreux pays dénoncent l'intensification et l'élargissement de sa campagne militaire et les souffrances des civils, qui manquent de tout.