Gaza: escalade de violence entre Israël et le Hamas, l'espoir de trêve évanoui

Les tirs de chars de l'armée israélienne ont fait deux victimes palestiniennes lundi - -
La mise en place d'une trêve dans la bande de Gaza pour le premier jour de la fête de l'Aïd el-Fitr est passée presque inaperçue. Alors qu'un cessez-le-feu non déclaré était observé depuis dimanche soir entre Israël et le Hamas, des violences meurtrières ont repris dès ce lundi matin dans la région. Face à cette escalade de violence, la communauté internationale a dit vouloir "augmenter" la "pression". Quant à Israël, son armée a appelé la population civile à évacuer "immédiatement" la région de Gaza pour rejoindre le centre. Des deux côtés, les pertes humaines ont de nouveau été lourdes. Le point sur la situation.
> Plusieurs Palestiniens et soldats israéliens tués
Cinq soldats israéliens ont été tués dans des combats à proximité de la bande de Gaza, où Tsahal est engagée depuis le 8 juillet. Parmi eux, quatre ont été tués par un tir de mortier dans la région d'Eshkol, le long de la frontière. Plusieurs médias israéliens avaient auparavant affirmé qu'il s'agissait de victimes civiles, tués dans le kibboutz Be'eri. En tout, 48 combatants de l'armée israélienne ont perdu la vie depuis la reprise du conflit israélo-palestinien, un bilan qui n'avait pas été aussi lourd depuis 2006.
A Gaza, le nombre de victimes a lui constamment grimpé, tout au long de la journée. Encore lundi soir, les bombardements étaient intensifs, et cinq Palestiniens ont perdu la vie lors d'une frappe israélienne sur la ville de Khan Younès, au sud de l'enclave.
Plus tôt dans la journée, sept enfants sont morts dans le camp de réfugiés de Chatti. Les deux parties se renvoient la responsabilité de cet énième drame. Il s'agit pour des sources médicales palestiniennes de frappes aériennes israéliennes, l'armée israélienne évoquant pour sa part des tirs à la roquette ratées par le camp adverse, tout comme pour une explosion survenue, sans faire de victime, dans l'enceinte de l'hôpital Chifa, le plus grand de la bande de Gaza.
Peu après, cinq combattants palestiniens qui s'étaient approchés d'un kibboutz proche de la bande de Gaza, ont été tués par l'armée. Selon les services de secours locaux 1.079 Palestiniens ont été tués depuis le début de l'opération et 47 corps ont été amenés dans les morgues de l'enclave lundi : ceux de 31 Palestiniens tués lors de frappes durant la journée, 12 tirés des décombres et de 4 Palestiniens ayant succombé à leurs blessures.
> Israël demande à la population d'évacuer "immédiatement" la zone
Vers 19h15 (heure locale), l'armée israélienne a demandé à la population civile habitant les alentours de l'agglomération de Gaza d'évacuer "immédiatement" leurs foyers pour se rendre dans le centre de cette ville palestinienne, selon un communiqué militaire.
"Il y a peu de temps, des appels téléphoniques ont été passés et des SMS envoyés à la population civile de Chajaya, de Zeitoun et de l'est de Jabaliya les exhortant à évacuer immédiatement en direction du centre de la ville de Gaza", a indiqué le communiqué. Ces secteurs sont respectivement situés à la périphérie est, sud et nord de la ville de Gaza.
Dans une allocution télévisée, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu qu'Israël devait être prêt à une "longue campagne" à Gaza. "Nous devons être prêts à une longue campagne jusqu'à ce que notre mission soit remplie", a-t-il affirmé. "On ne terminera pas cette opération sans avoir neutralisé les tunnels" qui servent au mouvement palestinien Hamas pour attaquer Israël, a encore assuré le Premier ministre.
> "Augmenter la "pression" pour un cessez-le-feu
Face au lourd tribut payé par les civils palestiniens dans ce conflit qui a dévasté la bande de Gaza, la communauté internationale a accentué la pression pour que cesse le bain de sang.
Les dirigeants français, américain, allemand, anglais et italien ont affirmé lundi au cours d'un entretien téléphonique leur volonté "d'augmenter" la "pression" pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza, selon un communiqué de l'Elysée.
"La pression doit augmenter pour parvenir" à un cessez-le feu, sont convenus le président français François Hollande, le président américain Barack Obama, la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique David Cameron et le président du Conseil italien Matteo Renzi. Les dirigeants "sont convenus de redoubler leurs efforts pour obtenir un cessez-le-feu. La dégradation de la situation ne fait le jeu que des extrémistes", ont-ils estimé.
Une trêve qui doit conduire au "désarmement du Hamas", a exigé de son côté le secrétaire d'Etat américain John Kerry, tout juste rentré d'une mission qui a échoué au Proche-Orient.
> Hollande annonce un versement de 8 millions d'euros aux Palestiniens
En parallèle de toutes les annonces du jour, François Hollande a annoncé à son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, lors d'un entretien téléphonique, le versement par la France d'une première tranche d'aide budgétaire de 8 millions d'euros en faveur de la population de Gaza, en proie à un conflit sanglant.
"Il l'a informé que la France allait procéder au versement d'une première tranche d'aide budgétaire de 8 millions d'euros à l'Autorité palestinienne", a déclaré l'Elysée. Cette somme "s'ajoutera à l'aide humanitaire exceptionnelle de 3 millions d'euros déjà débloquée pour la population de Gaza", a précisé la présidence française.
Le président français avait annoncé le déblocage par la France de ces 11 millions d'euros d'aide humanitaire à Gaza, recevant jeudi des ONG à l'Elysée. François Hollande a également "réitéré la pleine mobilisation de la France en faveur d'un cessez-le-feu" à Gaza "dans le prolongement de la réunion internationale qui s'est tenue samedi à Paris".
|||L'ESSENTIEL
• Après une trêve non déclarée dimanche soir, les hostilités ont repris, lundi, lors d'une journée particulièrement sanglante
• La communauté internationale veut "augmenter" la "pression" pour un cessez-le-feu
• Près de 1.050 Palestiniens et 48 soldats israéliens ont été tués depuis le 8 juillet
• François Hollande a annoncé un versement du 8 millions d'euros à Mahmoud Abbas, en faveur de la population palestinienne.