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Conflit israélo-palestinien : la main cachée de l'Iran ?

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Et si cette guerre entre Israël et Gaza n'était pas à visée électorale, comme l'affirment les Palestiniens et de nombreux analystes, mais une manipulation de l'Iran. Dans laquelle Israël espère ne pas tomber. Harold Hyman, spécialiste de géopolitique, nous livre sa vision du conflit.

En 2008, avec l'Opération "Plomb Durci", Tsahal entra dans la Bande de Gaza, sans avoir reçu autant de tirs que dans la situation actuelle. Sous Ehud Olmert, pendant trois semaines à compter du 27 décembre 2008, la campagne terrestre, aérienne et navale commença contre cette enclave sans aviation, sans marine, sans chars ni artillerie lourde... mais dotée de missiles en quantités énormes.

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Cette guerre-là entraîna la mort de plus de 1.400 Palestiniens (Tsahal dit un peu moins de 1.200 dont 700 et quelques terroristes), treize Israéliens (dont quatre par tirs amis). Israël avait largué des milliers d'obus, et était entré dans les cachettes avec l'infanterie. Terrible épisode, que l'infortuné Olmert, Premier ministre philosophiquement ouvert à une négociation territoriale définitive avec l'OLP, avait dû mener. Sans oublier sa Deuxième Guerre du Liban, à l'été de 2006. Olmert devint une victime de l'histoire, une chance manquée.

Les gouvernants israéliens pas si va-t-en guerre

Le public israélien serait fatigué de ces guerres qui ne résolvent pas le problème de la paix aux frontières. Cela ne signifie nullement que les Israéliens soient majoritairement devenus pacifistes. Au contraire, leur dégoût pour les guerres indécises peut amener une forte envie de destruction totale des capacités de l'ennemi.

Benyamine Netanyhaou s'enorgueillissait, il y a trois semaines à Paris, de la paix relative en vigueur sous son long mandat. Cela s'effrite de minute en minute. Il chemine vers une invasion - disons incursion, car l'armée israélienne ne va pas s'éterniser - qu'il ne souhaitait pas. La thèse palestinienne comme quoi cette guerre est purement électorale me paraît des plus improbables.

L'hésitation a eu lieu

Et pourtant, l'État d'Israël ne s'engage pas franchement. Il le fera peut-être dans dix minutes, ou dix heures, mais déjà l'hésitation a eu lieu. Facile à comprendre : l'Égypte de Moubarak est balayée, la Turquie passive et crypto-israélophile aussi. L'Émir du Qatar, soupçonné lui aussi de crypto-israélophobie, a adoubé le Hamas par sa récente visite dans le petit territoire ! Aucun gouvernant arabe pour retenir sa rue - on sait combien cette rue est puissante.

Le régime iranien se fait trop oublier

Et si c'est l'Iran qui avait voulu une diversion en poussant le Hamas à une attaque ? Son programme d'enrichissement ne cesse d'avancer. En outre l'aide considérable des Gardiens de la Révolution au régime de Bachar est un fait majeur de la politique extérieure du régime - Guide, Gardiens, gouvernement - qui tente de se construire un environnement favorable : Irak re-chiitisé, Syrie assadienne, Liban hezbollahisé, et Hamas dépendant militairement.

Tout cela était sur le point de s'effriter par la Syrie : le régime devait stopper le phénomène, Bachar al-Assad étant en perte de capacité. Le Hezbollah a peur de bouger, malgré le meurtre inattribuable d'un de ses ennemis en la personne de Wissam al-Hassan, chef des renseignements des Forces de sécurité intérieure libanaises; le reste du Liban se retourne contre lui sans que Bachar al-Assad puisse voler à la rescousse. Donc il restait une carte: le Hamas.

Le Hamas, trait d'union entre radicalité sunnite et chiite

Pour conclure, Gaza est le seul endroit ou des djihadistes et des agents pro-iraniens peuvent travailler ensemble à leur grande oeuvre commune : la destruction d'Israël. Les gouvernants israéliens ont-ils vraiment envie d'obliger tout ce monde-là ? De toute évidence non, fût-ce au prix d'encaisser des tirs de missiles sur leurs propres villes.

La retenue israélienne est une nouvelle doctrine: l'offensive par l'auto-défense calibrée. Ou encore : ne pas tomber dans le piège de l'autre, mais de lui infliger des coups à distance. L'éradication n'est plus l'évidente solution. Nouvelle époque.

Harold Hyman et spécialiste en géopolitique