"J'ai vu 140 patients perdre un œil": un médecin iranien torturé par le régime raconte les exactions sur les civils

Un jeune manifestant lors du mouvement de révolte en Iran le 19 septembre 2022. - AFP
Le sexe des femmes délibérement visé, des dizaines de personnes éborgnées... Dans un entretien accordé au correspondant de Radio France au Kurdistan irakien, Keyvan, jeune étudiant en médecine qui a soigné des dizaines de manifestants blessés ces derniers mois en Iran, a illustré l'ampleur de la répression à laquelle se livrent les forces de sécurité du pays.
"Au total, j'ai vu 140 patients perdre un œil" détaille-t-il dans ce témoignage diffusé par France Info. "Les femmes elles, en général, sont visées sur les zones intimes, près du vagin. Les policiers font exprès de tirer à cet endroit."
Depuis septembre dernier, la république islamique d'Iran est traversée par un vent de révolte inédit, causé par la mort de Mahsa Amini. La jeune femme d'origine kurde était morte après son arrestation par la police des mœurs, qui lui reprochait de ne pas porter son voile correctement.
Visiblement inquiet de l'ampleur de la gronde, le régime des mollahs s'attelle depuis à une violente répression des manifestations. En plus de mater et d'arrêter massivement ceux qui osent défiler, quatre manifestants ont déjà été pendus dans le pays.
Réfugié en Irak
Face à la violence de la répression, de nombreux médecins sont également descendus dans la rue, afin de porter une première assistance médicale aux blessés. C'est le cas de Keyvan, interrogé par France Info. Après un entraînement effectué au Kurdistan iranien, l'étudiant en médecine a commencé ses missions de premiers secours auprès des manifestants.
Lui non plus n'a pas échappé à la répression du régime et explique avoir passé 21 jours en prison. "Ils ont tranché mon annulaire avec un cutter", relate-t-il à France Info. "Les gardes m'ont battu. Ils m'ont versé de l'eau froide dessus et donné des chocs électriques. En fait, tellement de choses que j'ai encore beaucoup de mal à en parler." Il est désormais réfugié en Irak.