Iran: l'ancien maire de Téhéran provoque un tollé en expliquant en interview comment il a tué sa femme

L'ancien maire de Téhéran et conseiller du président Rohani, Mohammad-Ali Najafi, le 26 août 2017. - Erfan Kouchari
La scène semble irréelle. Devant la caméra de la télévision nationale, l'ancien maire de Téhéran et conseiller du président Hassan Rohani, Mohammad-Ali Najafi, se trouve au commissariat. Après être arrivé sourire aux lèvres dans le bâtiment, il admet calmement avoir tué sa seconde femme, Mitra Ostad.
Pour le meurtrier présumé, qui s'est rendu de lui-même au commissariat selon l'agence d'Etat iranienne citée par CBS, le féminicide a résulté d'une "dispute". Il assure avoir "essayé différentes solutions".
Lorsque le journaliste lui demande s'il n'aurait pas été mieux de "régler ces problèmes devant la justice", Mohammad-Ali Najafi répond, ses propos traduits par la RTBF: "Cela aurait été mieux effectivement. Je lui ai proposé plusieurs fois le divorce. Elle refusait à chaque fois pour des raisons qui lui sont propres."
"J'ai pris le pistolet pour lui faire peur"
"Cela faisait plusieurs jours que nous nous disputions. (…) Elle est allée dans la salle de bain, j’ai pris le pistolet pour lui faire peur (...) et en voyant l’arme, elle a paniqué et s’est jetée sur moi. (…) C'est ainsi que le premier tir est parti (…)", affirme-t-il, dans des propos traduits et relayés par RFI.
Pourtant, cinq balles ont été tirées, dont deux ont atteint la victime. Le reportage comporte en effet une autre séquence où, arme du crime à la main, le journaliste iranien compte les balles encore présentes dans le pistolet et dénombre celles qui ont été tirées.
L'ancien maire de Téhéran s'est même vu servir le thé au commissariat. La police, qui a présenté ses excuses pour la séquence, dit avoir servi le thé "par humanité" au moment de la rupture du jeûn, selon la RTBF. L'affaire n'a pas manqué de susciter la polémique en Iran, non seulement pour la froideur manifeste avec laquelle Mohammad-Ali Najafi explique avoir tué sa femme, mais aussi pour la manipulation désinvolte de l'arme du crime censée être sous scellé.
Les témoignages indignés et sarcastiques après la diffusion du reportage ont été nombreux sur les réseaux sociaux, a recensé RFI. Le parquet de Téhéran a ouvert une enquête pour les infractions commises par la télévision d'Etat. Une autre enquête est ouverte pour le meurtre de Mitra Ostad.