Les questions en suspens après la conférence sur l'Irak

La communauté internationale, réunie à Paris lundi pour la conférence sur la sécurité en Irak, a promis de soutenir "par tous les moyens nécessaires la lutte de Bagdad contre l'Etat islamique. - Michel Euler - AFP
La communauté internationale s'est réunie à Paris lundi pour la conférence sur la sécurité en Irak. Près d'une trentaine de pays ont promis de soutenir "par tous les moyens nécessaires", y compris militaires, la lutte de Bagdad contre les jihadistes de l'Etat islamique (EI) en soulignant "l'urgence" à les déloger du nord du pays.
Daesh (ndlr, acronyme arabe de l'EI) n'est pas une menace seulement pour l'Irak mais aussi pour toute la communauté internationale", ont affirmé la trentaine de pays et organisations prenant part à la réunion. Mais les grandes déclarations ne suffisent pas encore à déterminer un plan d'attaque complet.
Quelle action sur le terrain?
Deux avions de combat Rafale français ont procédé lundi à de premiers vols de reconnaissance au-dessus de l'Irak, en préalable à d'éventuelles frappes dans le cadre de la coalition internationale que les Etats-Unis mettent en place contre l'EI. Ces deux pays ont exclu toute action au sol, que beaucoup de spécialistes jugent pourtant nécessaire.
"On ne gagne pas une guerre avec des frappes aériennes. Il faudra livrer la bataille sur le terrain", estime Myriam Benraad sur BFMTV. Pour cette politologue, spécialiste de l’Irak, il faut ainsi "reconstituer les rangs d'une opposition" capable de faire face aux jihadistes et à Bachar al Assad.
Que fait l'Iran?
L'Iran était le grand absent de la conférence parisienne. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait estimé que la présence de Téhéran à la conférence de Paris "ne serait pas adéquate", notamment en raison de son rôle en Syrie. Téhéran affirme fournir des conseils à l'armée régulière syrienne face aux "terroristes", terme qui désigne l'ensemble de la rébellion armée.
Poids lourd chiite de la région, l'Iran est pourtant un "acteur incontournable dans la région", selon Denis Bauchard. "Une concertation avec l'Iran est indispensable", selon l'ancien diplomate, aujourd'hui consultant à l’Institut français des relations internationales (IFRI). Il estime néanmoins "probable" que des contacts aient été déjà établis.
L'Iran a de son côté signifié lundi son refus de coopérer avec Washington pour combattre les jihadistes de l'Etat islamique car il juge illégitime une coalition internationale dont l'objectif réel reste, selon Téhéran, de renverser le régime syrien.
Prudence de la Turquie
Une dizaine de pays arabes étaient présents dont l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. Leur degré d'engagement est pour l'instant minime, "on sent une certaine prudence", juge Denis Bauchard, "ils doivent faire attention à ne pas apparaître comme un allié des Etats-Unis".
Jeudi à Jeddah, en Arabie saoudite, la Turquie n'a pas signé le communiqué de dix pays arabes et des Etats-Unis s'engageant à combattre ensemble l'EI, y compris "le cas échéant en participant à une campagne militaire coordonnée". Ankara ne veut pas non plus que les Américains utilisent sa base aérienne d'Incirlik (sud), proche de la Syrie, pour des missions de combat.
Ankara redoute de mettre en péril la vie des 49 ressortissants, dont des diplomates et des enfants, que les jihadistes retiennent depuis juin à Mossoul, dans le nord de l'Irak.
Et la Syrie?