Le général de Villiers raconte ses échanges "musclés" avec son homologue russe Guerassimov

Un rapport conflictuel, déjà bien avant le début de la guerre en Ukraine. Invité ce mardi sur BFMTV, le général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées entre 2014 et 2017, a été interrogé sur les relations qu'il entretenait avec ses homologues russes lorsqu'il occupait ce poste militaire prestigieux.
Premier rendez-vous "musclé"
Parmi les personnalités citées lors de cet entretien, Valeri Guerassimov, un général d'armée qui a plus ou moins eu le même parcours que lui, au sein de l'armée russe. "J’ai connu plusieurs périodes. Il se trouve que j’ai été major général des Armées (de 2010 à 2014, ndlr) en même temps que le général Guerassimov", se rappelle-t-il.
La première rencontre entre les deux responsables a ainsi lieu alors que tous deux occupent ce poste. Il s'agit d'un "rendez-vous que je qualifierai de musclé", résume Pierre de Villiers.

"Je n’aime pas me faire marcher sur les pieds. Quand on est chef d’état-major de l’armée française, on incarne quelque part ses soldats, mais aussi son pays", souligne-t-il.
"Le rapport de force, le vrai"
Quelques années plus tard,en 2015, les deux militaires sont montés en grade et deviennent chefs d'état-major de leurs armées respectives. Une nouvelle rencontre est programmée à Moscou, en marge de la guerre en Syrie, "pour une coopération", alors même que la tension entre les pays est déjà forte. "Nos bateaux étaient très proches les uns des autres, les sous-marins, les avions", se souvient Pierre de Villiers.
"Ce que j’ai constaté, c’est qu’ils ne reconnaissaient qu’une chose, le rapport de force. Pas l’élément de langage, pas l’éclat de voix, le rapport de force, le vrai", assure-t-il.
Au cours de ces différentes rencontres, Pierre de Villiers a personnellement pu constater l'animosité de son homologue russe, ainsi que l'utilisation, déjà, d'arguments repris ces derniers mois afin de justifier l'invasion ukrainienne.
"Il me parlait sans arrêt de l’Otan, de la menace de l’Occident sur la Russie avec une agressivité que je n’admettais pas. Quand on est entre deux chefs d’état-major on peut se parler les yeux dans les yeux, on incarne chacun notre pays certes, mais on n’a pas à être agressif à ce point", conclut-il.