La crise alimentaire risque de faire augmenter le nombre de personnes déplacées dans le monde

Des civils tendant d'embarquer dans un train à la gare de Kramatorsk, dans le Donbass, mardi 5 Avril 2022 - Fadel Senna - AFP
Si le monde n'arrive pas à juguler la grave crise alimentaire provoquée par la Russie, le record de 100 millions de personnes déracinées va grossir encore d'"un grand nombre de gens", a prévenu le Haut Commissaire aux réfugiés de l'ONU, Filippo Grandi, présentant le rapport annuel 2021 de l'organisation qu'il dirige.
La guerre menée par les Russes prive le monde de céréales et d'engrais, fait flamber les prix et menace de faim des millions de gens dans le monde. "L'impact, si ce n'est pas résolu rapidement, sera dévastateur", alerte Filippo Grandi, avant de se reprendre: "Il est déjà dévastateur".
Cette catastrophe en devenir occupe la ministérielle de l'OMC, réunie à Genève tout comme la session du Conseil des droits de l'homme et les plus hautes instances de l'ONU. Fin 2021, le monde comptait 89,3 millions de réfugiés et déplacés internes plus de deux fois plus qu'il y a 10 ans, dont 53,2 millions de déplacés internes et 27,1 millions de réfugiés.
"Chaque année au cours de la dernière décennie, les chiffres n'ont cessé d'augmenter"
Mais l'invasion par la Russie a jeté entre 12 et 14 millions d'Ukrainiens sur les routes pour chercher refuge ailleurs dans leur pays ou à l'étranger. Un flot humain qui pour la première fois a fait franchir, au mois de mai, la barre de 100 millions de déracinés dans le monde.
"Chaque année au cours de la dernière décennie, les chiffres n'ont cessé d'augmenter", a rappelé Filippo Grandi. "Soit la communauté internationale se mobilise pour réagir face à ce drame humain, pour mettre fin aux conflits et parvenir à des solutions durables, soit cette tendance dramatique se maintiendra".
L'invasion de l'Ukraine "a porté un coup terrible à la coopération internationale", selon Filippo Grandi.
Même si le conflit devait s'arrêter bientôt, "les fractures entre l'Occident et la Russie et même entre principaux membres du Conseil de sécurité sont tellement graves qu'elles mettront longtemps à guérir". Et "si cela n'est pas guéri, je ne sais pas comment nous allons pouvoir gérer cette crise", s'interroge le Haut Commissaire.