Fermetures de magasins, cartes bancaires, informations... Les sanctions bouleversent le quotidien des Russes

Tour à tour, les grandes enseignes américaines et européennes annoncent leur retrait temporaire de Russie. Une décision prise face à l’invasion de l’Ukraine vue comme l'une des plus susceptibles d'avoir un impact sur la population.
“Ces fermetures ne sont pas encore effectives.”, précise Igor Delanoë. "Elles vont intervenir dans les jours qui viennent,” ajoute-t-il.
Si des restaurants McDonald’s ont fermé leurs portes dès le 9 mars, notamment à Moscou, certains établissements vendent encore des burgers pour quelques jours, selon le directeur adjoint de l’observatoire franco-russe. En Russie, la société américaine emploie 62.000 personnes et travaille avec des centaines de fournisseurs et partenaires russes locaux.
Les grandes enseignes ferment leurs portes
McDonald's rejoint donc la liste des entreprises américaines qui ont décidé de boycotter la Russie après l'invasion de l'Ukraine. Du pétrolier Exxon à Apple en passant par Disney, Nike, Ford ou GM, les géants mondiaux américains ont été les plus prompts à condamner la guerre en Ukraine et à cesser leur activité en Russie.
Il s’agit toutefois d’une suspension et non d’une fermeture définitive des enseignes. A l'image d’Ikea, qui affirme vouloir fermer ses magasins d’ameublement jusqu’au 31 mai… dans un premier temps.
Vers de mesures de rétorsion de la Russie?
Si la guerre se poursuit, les entreprises vont-elles opter pour un prolongement des suspensions ou un départ de leurs équipes?
“Le gouvernement met en place des mesures dissuasives pour les empêcher de quitter le territoire. Il y a des menaces de nationalisation” pour ces entreprises, déclare Igor Delanoë sur BFMTV.
Hier, la Russie a dressé une liste de 59 entreprises occidentales qui pourraient être nationalisées selon l'agence de presse russe Izvestia. Le parti de Vladimir Poutine vise les sociétés qui ont cessé leur activité sur le sol russe.
Parmi elles, la société pétrolière et gazière Shell, les constructeurs automobiles Volkswagen et Toyota, et le distributeur de meubles Ikea. Cette liste pourrait être élargie, avertissent les autorités.
Les contre-mesures russes ne s'arrêtent pas là. Le Kremlin a adopté un projet de loi visant à mettre sous tutelle les entreprises détenues à plus de 25% par des groupes étrangers issus de "nations hostiles".
Difficultés bancaires
Autre conséquence majeure pour la population russe, certaines cartes bancaires “fonctionnent difficilement”, nous dit Igor Delanoë, directeur adjoint de l’observatoire franco-russe à Moscou. En cause, les sanctions occidentales prises contre les banques russes.
Les géants mondiaux des cartes bancaires Visa et Mastercard ont annoncé, samedi 5 mars, la suspension de leurs opérations en Russie. En réponse à ce boycott, certaines banques envisagent de se tourner vers le réseau chinois UnionPay.
Une population peu informée
Difficile toutefois de savoir quelle lecture en fait l'opinion publique russe, qui vit dans une sorte de brouillard informationnel. En effet, la population russe est, dans sa grande majorité, privée d’informations fiables sur la guerre menée par le Kremlin.
“Si l’on s’en tient à la télévision et aux journaux, on a un son de cloche uniforme. (...) sur les réseaux sociaux c’est extrêmement nuancé”, détaille Igor Delanoë avant de préciser que les Russes “s’informent massivement par la télé, par la radio.”