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Un week-end sous haute tension en Ukraine, qui craint une attaque russe

Des navires militaires russes amarrés dans le port de Sébastopol, en Crimée, le 23 mars.

Des navires militaires russes amarrés dans le port de Sébastopol, en Crimée, le 23 mars. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

A la veille d'un sommet décisif pour les futures relations entre Occident et Russie, de nouvelles tensions ont éclaté en Crimée ce week-end. Les autorités ukrainiennes redoutent désormais une attaque de l'Ukraine par Vladimir Poutine.

La Russie se contentera-t-elle de la Crimée? Non selon l'Ukraine, qui craint désormais une attaque de son voisin sur ton territoire. Il faut dire que le week-end a été marqué par un regain de tensions entre les deux pays, après une semaine déjà marquée par de multiples sanctions des dirigeants occidentaux à l'égard de hauts responsables russes.

Ainsi, plusieurs bases ukrainiennes ont été prises d'assault par des hommes armés pro-russes. Ces violences interviennent à la veille d'un sommet crucial pour la suite de la crise, puisque les chefs d'Etat des puissances du G7 se réuniront à La Haye, aux Pays-Bas, pour évoquer le dossier ukrainien.

> Des bases ukrainiennes attaquées par des Russes

• Une base aérienne sous contrôle russe. Samedi, les troupes russes ont enchaîné les démonstrations de force en Crimée, prenant d'assaut plusieurs sites stratégiques de l'armée ukrainienne. Ainsi, des troupes russes appuyées par des véhicules blindés ont pris le contrôle de la base aérienne de Belbek, près de Sébastopol, en tirant en l'air avec des armes automatiques. Après avoir forcé l'entrée de la base à l'aide d'un blindé, des hommes armés bien équipés et en uniforme, appartenant visiblement aux troupes d'élite, se sont emparés des lieux. Avant cette attaque, la base de Belbek avait indiqué sur sa page internet, samedi, avoir reçu un ultimatum des forces russes demandant aux soldats ukrainiens de déposer les armes et de se rendre, sans quoi ils seraient attaqués.

• Un navire militaire pris d'assaut. Plus tôt dans la journée de samedi, quelque deux cents hommes sans armes criant "Russie! Russie!", avaient envahi une base aérienne ukrainienne à Novofedorivka, dans l'ouest de la Crimée. Enfin, le navire de commandement ukrainien Slavoutitch, ancré dans le port de Sébastopol, est tombé aux mains d'un groupe d'hommes armées, samedi encore. "Des sources à Sébastopol indiquent que les membres de l'autodéfense (pro-russe) de la Crimée et d'unités spéciales de l'armée russe se sont emparés du Slavoutitch", a ainsi indiqué le ministère ukrainien de la Défense.

> Poutine prêt à attaquer l'Ukraine?

• Attaque imminente? Les responsables ukrainiens se sont inquiétés, dimanche, d'une potentielle attaque imminente de l'Ukraine par Vladimir Poutine. Les troupes du président Vladimir Poutine sont prêtes à attaquer l'Ukraine "à tout moment", a ainsi déclaré le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense Andriï Paroubiï, sur le podium du Maïdan, la place de l'Indépendance de Kiev, où un rassemblement "pour l'unité nationale" était organisé dimanche. "Le but de Poutine n'est pas la Crimée, mais toute l'Ukraine", a déclaré Andrïï Paroubiï devant cinq mille manifestants.

• Un risque de guerre croissant. De son côté, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrii Dechtchitsa, a estimé que le risque de guerre entre l'Ukraine et la Russie est croissant, et a dénoncé le déploiement de troupes russes à la frontière est de l'Ukraine. Interrogé sur la chaîne américaine ABC, le ministre a indiqué que les risques de voir éclater un conflit militaire éclater entre Kiev et Moscou "augmentent" et "deviennent plus élevés". "La situation est même plus explosive qu'elle ne l'était il y a une semaine", a-t-il par ailleurs averti.

• Une intervention russe en Moldavie? Une inquiétude également exprimée par le commandant suprême des forces alliées en Europe (Saceur), le général américain Philip Breedlove, selon qui la présence massive de troupes russes à la frontière ukrainienne pourrait déboucher sur une intervention de Moscou en Transdniestrie, une région séparatiste de Moldavie, à majorité russophone. "Les forces (russes) qui sont à la frontière de l'Ukraine en ce moment sont très, très importantes et très très prêtes", a déclaré le général Breedlove dans le cadre du Brussels Forum.

> Moscou dément avoir massé des troupes

• Pas d'"activité militaire non déclarée" aux frontières. Dimanche, Moscou a réagi à ces déclarations, démentant les affirmations selon lesquelles des troupes russes seraient massées à la frontière avec l'Ukraine. "Le ministère de la Défense observe tous les accords internationaux qui limitent le nombre de troupes dans les régions frontalières avec l'Ukraine", a déclaré le vice-ministre russe de la Défense Anatoli Antonov, cité par l'agence Interfax. "Les forces armées russes ne mènent aucune activité militaire non déclarée qui pourrait menacer la sécurité des Etats voisins", a-t-il ajouté.

• L'Ukraine au centre du sommet de La Haye. La crise ukrainienne sera très certainement au coeur de toutes les discussions, lundi et mardi, au sommet de La Haye, qui doit porter sur la sécurité nucléaire. Le président Barack Obama a profité de ce sommet, prévu de longue date, et auquel les dirigeants de plus de 50 pays sont invités, pour convoquer une réunion du G7 sur les mesures à prendre contre la Russie dans le cadre de la crise ukrainienne. Par ailleurs, les chefs des diplomaties russe et américaine, Sergueï Lavrov et John Kerry, s'entretiendront en tête à tête du dossier ukrainien, en marge du sommet.

Adrienne Sigel et avec AFP