Guerre en Ukraine: Marco Rubio affirme que Sergueï Lavrov lui a exposé une "nouvelle idée" pouvant "potentiellement" mener vers la paix

Les chefs de la diplomatie russe et américain Serguei Lavrov et Marco Rubio à Ryad en Arabie saoudite, le 18 février 2025 - SPA / AFP
L'un expose sa "déception", l'autre "une nouvelle idée". Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a déclaré ce jeudi 10 juillet avoir exprimé "déception" et "frustration" à son homologue russe Sergueï Lavrov face au manque de progrès vers la paix en Ukraine.
"J'ai fait écho aux propos du président (Donald Trump), une déception et une frustration face au manque de progrès", a indiqué Marco Rubio à Sergueï Lavrov, lors de leur rencontre tenue en marge d'une réunion des chefs de la diplomatie des pays d'Asie du Sud-Est à Kuala Lumpur.
Marco Rubio a également déclaré que son homologue russe Sergueï Lavrov lui avait fait part d'une "nouvelle idée" sur l'Ukraine: "Ce n'est pas une nouvelle approche. C'est une nouvelle idée ou un concept nouveau que je vais rapporter au président (Donald Trump) pour en discuter".
Il a par ailleurs précisé qu'il ne s'agissait pas d'une initiative menant "automatiquement à la paix" mais "qui pourrait potentiellement permettre d'ouvrir la porte" vers une voie possible.
La visite de Marco Rubio, sa première en Asie depuis sa prise de fonctions, coïncide avec l'intensification par Donald Trump de sa guerre commerciale. Ce dernier a menacé cette semaine plus de 20 pays de droits de douane punitifs.
Le chef de la diplomatie américaine s'est entretenu avec Sergueï Lavrov en marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), organisation régionale de 10 pays, à Kuala Lumpur.
Nouvelles frappes
Leur rencontre a débuté quelques heures après que la Russie a frappé la capitale ukrainienne Kiev avec une deuxième salve meurtrière en deux jours de drones et de missiles. Cette dernière attaque a fait deux morts, selon les autorités locales. Elles faisaient suite à des commentaires acerbes du président américain envers son homologue russe Vladimir Poutine, qu'il a accusé de dire des "conneries" sur l'Ukraine.
Donald Trump a par ailleurs affirmé que les États-Unis enverraient "plus d'armes" à Kiev pour se défendre, exprimant ainsi la frustration grandissante de Washington sur ce dossier. Marco Rubio et Sergeï Lavrov s'étaient déjà rencontrés mi-février en Arabie saoudite, dans la foulée du rapprochement entre les présidents Trump et Poutine. Ils se sont également parlé à plusieurs reprises au téléphone.
Après la Malaisie, Sergueï Lavrov doit se déplacer ce week-end en Corée du Nord, où de hauts responsables russes se sont rendus plusieurs fois ces derniers mois. Pyongyang s'est en effet rapproché de Moscou, envoyant des milliers de soldats nord-coréens dans la région russe de Koursk pour en chasser les forces ukrainiennes, et acheminant en Russie des munitions et missiles.
"Point central"
Dans ses premières déclarations à Kuala Lumpur, le chef de la diplomatie américaine a assuré que les États-Unis n'ont "aucunement l'intention d'abandonner" l'Asie-Pacifique. "La région reste un point central de la politique étrangère des États-Unis", a affirmé Marco Rubio.
"Nous n'avons aucunement l'intention d'abandonner nos partenariats, mais plutôt de les renforcer et de les développer", a-t-il ajouté, alors que l'attention des États-Unis s'est largement portée sur les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient.
Mais Donald Trump a également menacé une vingtaine de pays, dont beaucoup asiatiques, de droits de douane plus élevés qu'initialement prévu et qui s'échelonnent de 20% à 50%. Il a également annoncé une taxe de 50% sur les importations de cuivre et une autre, de 200%, qui pourrait être appliquée sur les produits pharmaceutiques.
Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim avait dénoncé mercredi, à l'ouverture de la réunion de l'Asean, des droits de douane devenus "des outils tranchants au service des rivalités géopolitiques".
Droits de douane rétablis
Donald Trump a annoncé lundi que les droits de douane suspendus en avril seraient rétablis à compter du 1er août - avec parfois des hausses encore plus marquées - en l'absence d'accord avec Washington.
Parmi les pays visés figurent certains des principaux alliés de Washington, comme le Japon et la Corée du Sud avec des surtaxes de 25%. Membres de l'Asean, l'Indonésie, le Laos, la Thaïlande, la Malaisie, les Philippines, Brunei et la Birmanie risquent des droits de douane de 20% à 40%.
Le Vietnam est le seul pays, avec le Royaume-Uni, à avoir conclu un accord de principe avec les États-Unis, qui lui permet d'être frappé sensiblement moins fort que prévu. En Malaisie, Marco Rubio doit aussi tenir des discussions trilatérales avec les Philippines et le Japon, sur fond de tensions en mer de Chine méridionale.
Son homologue chinois Wang Yi est également présent à cette réunion de l'Asean. Aucune rencontre entre les deux hommes n'a toutefois pour l'heure été confirmée. Les contentieux entre Pékin et Washington restent nombreux, du commerce au fentanyl, en passant par Taïwan ou la rivalité dans les technologies de pointe.
"La mer de Chine méridionale est un foyer commun pour les pays de la région, et non une arène de gladiateurs pour les grandes puissances", a déclaré Wang Yi lors d'une réunion jeudi entre la Chine et l'Asean, dans une référence voilée aux États-Unis.