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Ukraine: les tensions montent avant le référendum dimanche en Crimée

Manifestation pro-russe à Donetsk, dans l'Est de l'Ukraine samedi, à la veille du référendum sur le rattachement de la Crimée à la Russie.

Manifestation pro-russe à Donetsk, dans l'Est de l'Ukraine samedi, à la veille du référendum sur le rattachement de la Crimée à la Russie. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

A la veille du référendum de dimanche sur le rattachement de la Crimée à la Russie, le pays est secoué par des tensions très vives entre nationalistes ukrainiens et partisans de Moscou.

La crise ukrainienne a fait encore deux morts dans la nuit à Kharkiv, un bastion russophone de l'est du pays secoué par des tensions entre nationalistes ukrainiens et partisans de Moscou à la veille du référendum de dimanche sur le rattachement de la Crimée à la Russie.

L'Ukraine a accusé samedi la Russie d'avoir envahi militairement son territoire en déployant 80 soldats, des hélicoptères et des véhicules blindés, dans un village situé juste de l'autre côté de la frontière administrative entre la péninsule de Crimée et l'Ukraine continentale. Le ministère ukrainien des Affaires étrangères demande le "retrait immédiat" de ces forces et menace de répondre "par tous les moyens pour stopper l'invasion militaire" russe.

A Moscou, pour la première fois depuis la prise de contrôle de la Crimée par des forces russes fin février, les Russes sont descendus en masse dans la rue pour protester contre la politique en Ukraine du président russe Vladimir Poutine. Des dizaines de milliers de manifestants ont dénoncé l'"occupation" de la Crimée, une mobilisation de grande ampleur inattendue au coeur de Moscou.

L'échec la veille à Londres de la rencontre de la dernière chance entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire d'Etat américain John Kerry a toutefois considérablement réduit l'espoir pour Kiev d'empêcher la sécession de la Crimée et le développement de mouvements séparatistes pro-russes dans les régions voisines, parallèlement aux déploiements de troupes russes pour des manoeuvres aux frontières de l'Ukraine.

Rejet de la résolution de l'ONU

La Russie a mis son veto à une résolution occidentale dénonçant le référendum de dimanche en Crimée tandis que la Chine s'est abstenue, isolant encore un peu plus Moscou dans ce dossier lors d'un vote au Conseil de sécurité samedi matin.

Le projet de résolution, qui a recueilli 13 voix pour, a été rejeté. En tant que membre permanent du Conseil, la Russie peut bloquer toute prise de position de cette instance.

Le référendum prévu dimanche en Crimée pour un rattachement de la Crimée à la Russie, contrôlée par les troupes russes, était considéré par le projet de résolution comme "sans aucune validité".

Ce vote avait été demandé par les Etats-Unis, qui avaient rédigé un texte très modéré afin d'obtenir l'aval de Pékin.

Le projet de résolution ne visait pas directement la Russie, jamais nommée dans le texte, et ne demandait pas explicitement le retrait des renforts russes envoyés en Crimée pour contrôler la péninsule. Il ne brandissait pas non plus la menace de sanctions.

Accord Ukraine-UE le 21 mars

A l'étranger, les Occidentaux prévoient différentes initiatives de soutien à l'Ukraine après leur échec à infléchir la stratégie de Vladimir Poutine. Ce dernier arrêtera sa position face à l'Ukraine seulement après le référendum, a indiqué John Kerry.

Le président François Hollande a assuré samedi que "la France comme l'Union européenne ne reconnaîtra pas cette pseudo consultation" organisée dimanche en Crimée, et que s'il n'y a pas de "désescalade", il y aura des "sanctions" de l'UE contre la Russie.

L'Union européenne doit signer vendredi le volet politique de l'accord d'association avec l'Ukraine, en marge de son sommet tenu à Bruxelles. Le volet économique, dont l'application pourrait être difficile pour certaines entreprises ukrainiennes, doit être signé "plus tard".

De son côté, le vice-président américain Joe Biden se rendra en début de semaine prochaine en Pologne et en Lituanie pour des consultations avec Varsovie et les pays baltes.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a estimé que le "moment était venu" pour l'Union européenne d'adopter des sanctions plus sévères contre la Russie.

Selon des sources européennes, l'Union européenne étudie des sanctions contre un nombre "limité" mais "politiquement significatif" de personnalités -une trentaine- jugées responsables de l'intervention russe en Ukraine.

Moscou reçoit de "nombreux appels à l'aide"

La Russie reçoit de "nombreux appels à l'aide" d'habitants d'Ukraine et "va les examiner", a déclaré samedi le ministère russe des Affaires étrangères, affirmant que des nationalistes ukrainiens voulaient s'attaquer à l'Est russophone du pays.

"Des combattants continuent leurs actes de violence en Ukraine", a souligné le ministère dans un communiqué, rappelant qu'un incident armé avait fait deux morts la veille à Kharkiv. "La Russie reçoit de nombreux appels à l'aide de citoyens pacifiques. Ils vont être examinés", a ajouté le ministère.

Alors que de nombreux Ukrainiens pensent que la Russie ne s'arrêtera pas aux frontières de la Crimée et que les milliers de soldats russes massés de l'autre côté de la frontière ne sont pas simplement là pour mener des exercices militaires, Sergueï Lavrov a indiqué que son pays "n'a pas et ne peut avoir le projet d'envahir le Sud-Est de l'Ukraine".

Le président ukrainien par intérim a lui décrit une "situation très dangereuse". "Nous faisons face à des menaces d'invasion du territoire ukrainien", a-t-il martelé.

C.P. avec AFP