BFMTV
Europe

Ukraine: le Kremlin assure que "personne ne pense ne serait-ce qu'à l'idée d'utiliser l'arme nucléaire"

Dmitry Peskov, porte-parole du Kremlin, en décembre 2020

Dmitry Peskov, porte-parole du Kremlin, en décembre 2020 - NATALIA KOLESNIKOVA / AFP

Après des semaines de doutes savamment entretenus par la Russie sur son intention de déployer ou non l'arme atomique, le porte-parole du Kremlin a fait descendre la pression. Tout en avertissant les Occidentaux: "Ne nous poussez dans nos retranchements".

Le 27 février, trois jours après le lancement de son "opération spéciale" en l'Ukraine, Vladimir Poutine créait un peu plus l'effroi dans les chancelleries occidentales, en annonçant le passage en "régime spécial d'alerte" de ses forces de dissuasion. Ce lundi, après un mois de guerre et alors que l'armée russe semble stagner en Ukraine et que les gains territoriaux se font maigres, le Kremlin a fait redescendre la pression.

Une "théorie sécuritaire très claire"

Amorce de désescalade pour Moscou, confronté à la réalité du terrain? Invité lundi de l'émission PBS NewsHour sur la chaîne américaine PBS, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a en tout cas assuré que "personne ne pense ne serait-ce qu'à l'idée d'utiliser l'arme nucléaire".

"Nous n'avons aucun doute sur le fait que tous les objectifs de notre opération spéciale en Ukraine seront remplis. Mais quelle que soit l'issue de cette opération, elle ne constituera jamais une raison justifiant l'emploi de l'arme nucléaire. Nous avons une théorie sécuritaire qui est très claire, indiquant que seulement une menace existentielle pour notre pays peut le justifier. Et nous le ferons si elle se présente. Mais gardons ces deux choses séparées. L'existence de l'État et l'opération spéciale en Ukraine", a-t-il déclaré.

Dans une interview accordée samedi au Guardian, l'ancien président de la Fédération de Russie Dmitri Medvedev est venu préciser les cas de figure derrière cette "menace existentielle": le lancement d'un missile nucléaire contre la Russie, l'utilisation d'une arme nucléaire sur la Russie ou un de ses alliés, l'attaque d'une infrastructure neutralisant les armes nucléaires russes, ou un acte d'agression militaire menaçant l'existence du pays.

De nouvelles menaces à l'encontre des Occidentaux

Mais pas question pour autant de ménager les Occidentaux. Sur PBS, Dmitri Peskov a tenu à les mettre à nouveaux en garde, notamment concernant les sanctions économiques prises contre la Russie. Avec le gel des avoirs des oligarques, la saisie de leurs propriétés mais aussi la déconnexion du système Swift de certaines banques russes, "nous faisons face à de nouvelles conditions. Elles sont hostiles", a-t-il déclaré.

Pour lui, il s'agit même d'une "guerre totale", car "en Russie, nous nous sentons en guerre. Parce que les pays d'Europe occidentale, les États-Unis, le Canada, l'Australie, nous font la guerre dans le commerce, l'économie, en saisissant nos biens, en bloquant nos relations financières.".

L'Otan serait de son côté un "organe de confrontation", suscitant depuis des années la crainte à Moscou.

"Pendant des décennies, nous avons prévenu l'Ouest que nous avions peur des avancées de l'Otan à l'est. Nous aussi avons peur de l'Otan, qui se rapproche de nos frontières et de nos infrastructures militaires", a indiqué Dmitri Peskov. Puis de lancer un nouvel avertissement: "Ne nous poussez pas dans nos retranchements".
"Il (Vladimir Poutine, ndlr) a eu un propos très clair, en indiquant aux Occidentaux de ne pas interférer. Si vous le faites, nous n'hésiterons pas à l'empêcher et punir toutes personnes agissant dans ce sens", a répété Dmitri Peskov.

Une situation toujours tendue donc, que les récents propos de Joe Biden, qualifiant Vladimir Poutine de "boucher" et appelant à un changement de régime en Russie, avant que la Maison Blanche ne revienne sur ces propos, ne devraient pas venir apaiser.

"C'est alarmant. C'est une insulte personnelle", a réagi le porte-parole du Kremlin.
Jules Fresard