Dmitri Medvedev liste les cas précis où la Russie pourrait avoir recours à l'arme nucléaire

Le vice-président du Conseil de sécurité de Russie, Dmitri Medvedev face à la presse. - Alexey NIKOLSKY
Dans un entretien accordé samedi au quotidien britannique The Guardian, Dmitri Medvedev, président de la Fédération de Russie entre 2008 et 2012, a précisé les cas de figure qui justifieraient l'emploi de l'arme nucléaire par son pays. Et les déclarations de celui qui les connaît sur le bout des doigts en tant que vice-président du Conseil de sécurité de la Russie seraient presque rassurantes. En effet, avant celles-ci, le Kremlin avait multiplié les alarmes sur ce sujet hautement sensible depuis son entrée en guerre contre l'Ukraine.
Ainsi, dès le 27 février, Vladimir Poutine a appelé le commandement de l'armée à rehausser le niveau d'alerte de ses ogives nucléaires, et mardi dernier, Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, a ménagé un inquiétant suspense en assurant que sa nation pourrait utiliser sa bombe en cas de "menace existentielle" contre elle.
Medvedev rappelle "les bases"
Après que le régime de Moscou a fait référence à plusieurs reprises à un possible emploi de sa force nucléaire depuis son invasion de l'Ukraine, le vice-président du Conseil de sécurité de la Russie et ex-président de la Fédération, Dmitri Medvedev, a strictement précisé auprès du Guardian le cadre qui occasionnerait le franchissement de ce point de non-retour.
"Nous avons un document spécifique sur le sujet de la dissuasion nucléaire. Il indique clairement les bases sur lesquelles la Fédération de Russie peut légitimement utiliser ses armes nucléaires. Il y en a très peu, permettez-moi de vous les rappeler", a d'abord lancé celui qui fut aussi le Premier ministre de Vladimir Poutine jusqu'en 2020.
"Le premier cas est celui dans lequel la Russie est frappée par un missile nucléaire. Le second désigne toute utilisation d'une autre arme nucléaire contre la Russie ou ses alliés. Le troisième serait une attaque contre une infrastructure vitale qui paralyserait nos forces de dissuasion nucléaires. Et le quatrième cas serait un acte d'agression contre la Russie et ses alliés, menaçant l'existence du pays lui-même, même sans utilisation d'armes nucléaires, c'est-à-dire avec l'emploi d'armes conventionnelles", a-t-il énuméré.
Ce que Medvedev n'a pas dit
Par bonheur, aucun des traits composant ce tableau cauchemardesque ne semble à l'ordre du jour, comme l'a remarqué sur Twitter l'ex-ambassadeur des Etats-Unis en Russie et désormais professeur de sciences politiques à l'Université américaine de Stanford, Michael McFaul. Avançant qu'aucun de ces cas de figure ne se présenterait, le spécialiste a même analysé en creux les situations périlleuses qui n'entraîneraient pourtant pas d'offensive nucléaire russe.
"On notera que Medvedev n'a pas cité la situation où 'l'OTAN fournirait des avions de chasse à l'Ukraine', et il n'a pas dit non plus qu'elle utiliserait l'arme nucléaire 'si la Russie commençait à perdre sur le champ de bataille'".
Comme une manière pour l'ancien diplomate de suggérer que l'Alliance atlantique a encore une certaine marge de manoeuvre.
