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Présidentielle en Roumanie: Macron dénonce des "ingérences", le candidat nationaliste Simion l'accuse de "tendances dictatoriales"

Le candidat nationaliste roumain George Simion et Emmanuel Macron (montage), clichés datés du 1er décembre 2024 et du 27 mars 2025

Le candidat nationaliste roumain George Simion et Emmanuel Macron (montage), clichés datés du 1er décembre 2024 et du 27 mars 2025 - Daniel MIHAILESCU - Ludovic MARIN (AFP)

Emmanuel Macron a dénoncé vendredi 16 mai des "ingérences" dans les élections à venir en Europe, notamment en Roumanie. Le candidat nationaliste George Simion lui a répondu en l'accusant d'avoir des "tendances dictoriales", alors que le second tour de la présidentielle est prévu dimanche.

Emmanuel Macron a dénoncé vendredi 16 mai des "ingérences" dans les élections à venir en Europe, notamment en Roumanie, estimant qu'elles "sapent l'intégrité de nos démocraties". Le candidat nationaliste George Simion a profité le même jour d'un passage à Paris pour lui répondre en l'accusant à son tour d'ingérence dans le deuxième tour de la présidentielle roumaine, prévu dimanche 18 mai.

"Mon message est clair: Bas les pattes!", a-t-il lancé au président français, dénonçant ses "tendances dictatoriales" et comparant la France à l'Iran, alors que le rôle de l'Élysée et de Bruxelles est pointé par l'extrême droite roumaine dans l'annulation du scrutin du 24 novembre sur fond de soupçons d'ingérence russe.

"Vous n'êtes pas un empereur, vous n'êtes même pas aimé par le peuple français, donc ces attaques et la manière dont vous essayez (...) de vous immiscer dans nos élections ne sont pas ce que nous devrions faire dans une Europe unie", a encore ajouté George Simion lors d'une conférence de presse impromptue, diffusée en direct sur son compte Facebook.

"Des menaces qui sapent l'intégrité de nos démocraties", selon Macron

"Nous voyons à travers nos élections, la Roumanie le vit en ce moment, la Moldavie l'a vécue il y a très peu de temps, (que) nous avons très clairement des menaces qui sapent l'intégrité de nos démocraties, qui minent leur résilience", a déclaré Emmanuel Macron en ouverture d'un sommet de la Communauté politique européenne (CPE) à Tirana, en Albanie.

"La Moldavie (est) victime chaque jour des ingérences russes (..) Les échéances électorales en cours, là aussi, on le sait très bien, font l'objet de telles ingérences", a martelé le président français.

"Nous subissons des manipulations lors des périodes électorales, mais (aussi) des ingérences informationnelles étrangères à peu près tout le temps. Et c'est quelque chose qui sape la sécurité démocratique de notre Europe", a-t-il poursuivi.

Le chef de l'État a appelé les dirigeants du continent européen, réunis à Tirana, à "mieux protéger les infrastructures critiques face aux cyberattaques", à renforcer les "cadres réglementaires sur les contenus illicites en ligne" et à "traquer les flux financiers qui alimentent ces actions hybrides". "Sinon, en particulier la Russie, ils continueront de déstabiliser nos opinions publiques pour bouger les lignes", a-t-il dit.

Un premier scrutin annulé pour suspicions d'ingérence russe

En Roumanie, le vote du 24 novembre dernier, dominé par le candidat surprise d'extrême droite Calin Georgescu désormais banni après une campagne massive sur TikTok, avait été annulé par la Cour constitutionnelle, après des suspicions d'ingérence russe en faveur de ce candidat.

Un "coup d'État" ayant "humilié le peuple roumain", a répété George Simion, qui a repris le flambeau pour cette nouvelle élection.

Le chef du parti AUR (Alliance pour l'Unité des Roumains), âgé de 38 ans, a recueilli près de 41% des voix au premier tour du scrutin le 4 mai, mais les sondages annoncent une bataille difficile au second tour face à son rival pro-européen de 55 ans, le maire de Bucarest, le mathématicien diplômé de l'université de Sorbonne, Nicusor Dan.

Dans l'Union européenne, où l'extrême droite enregistre ses meilleurs scores depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la victoire de George Simion viendrait renforcer le camp nationaliste. "La vague MAGA", du nom du slogan trumpien Make America Great Again, est "la seule chose qui sauvera l'Europe", a estimé ce fan de Donald Trump.

Emmanuel Macron s'est de son côté entretenu jeudi par téléphone avec le rival de George Simion, a indiqué la présidence française. "Si le candidat prorusse et anti-européen se positionnait et pouvait être élu, les conséquences sur la Moldavie seraient évidemment extrêmement dommageables", a-t-il estimé.

J.D. avec AFP