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Plus de 130 personnes exposées au Novitchok lors de l'empoisonnement de l'ex-espion

Le personnel de la police scientifique collecte des échantillons le 16 mars 2018 à Salisbury, au Royaume-Uni

Le personnel de la police scientifique collecte des échantillons le 16 mars 2018 à Salisbury, au Royaume-Uni - Ben Stansall-AFP

Selon Theresa May, au moins 130 personnes auraient pu être exposées au Novitchok, ce produit neurotoxique qui a gravement empoisonné un ancien espion russe à Salisbury. La Première ministre britannique a renouvelé ses accusations vis-à-vis de la Russie.

L'ex-espion russe empoisonné au Novitchok est toujours entre la vie et la mort, plus de trois semaines après avoir été exposé à ce poison mortel au Royaume-Uni. Au total, ce sont plus de 130 personnes qui auraient pu être contaminées à Salisbury, a déclaré lundi la Première ministre britannique au Parlement.

"Cela montre la nature tout à fait barbare de cet acte et les dangers auxquels des centaines de citoyens innocents de Salisbury auraient pu être exposés", a-t-elle ajouté.

"La Russie a produit et stocké du Novitchok"

La cheffe du gouvernement britannique a renouvelé ses accusations vis-à-vis de la Russie. Selon Theresa May, aucun autre pays n'avait à la fois "la capacité, l'intention et la motivation" de mener une telle attaque, rapporte The Guardian

"Nous avons des informations indiquant que durant la dernière décennie, la Russie a cherché des moyens pour livrer des agents neurotoxiques, probablement pour des assassinats, et dans le cadre de ce programme a produit et stocké de petites quantités de Novitchok. Clairement, cela va à l'encontre de la convention sur l'interdiction des armes chimiques."

"Peu probable que leur état change"

Au total, une cinquantaine de personnes ont été examinées par des médecins. Si le policier qui a porté secours à l'ancien agent double a pu sortir de l'hôpital, la fille de Sergeï Skripal reste quant à elle dans un état critique. Et les nouvelles sur la santé de l'ancien agent double ne sont pas bonnes. 

"Sergeï et Ioulia Skripal sont toujours gravement malades à l'hôpital. Malheureusement, en fin de semaine dernière, les médecins ont indiqué qu'il était peu probable que leur état change dans un futur proche et qu'ils ne se rétabliraient jamais complètement", a indiqué Theresa May.

"Quelques milligrammes, c'est une mort assurée"

Le Novitchok est un tueur invisible, qu'il soit sous forme liquide, de poudre ou gazeuse. Ce poison mortel frappe en quelques instants.

"Il agit au niveau de la transmission nerveuse, ce qui provoque une mort très rapide chez les humains exposés à ces substances par une paralysie musculaire et un arrêt cardiaque, explique pour BFMTV Olivier Lepic, spécialiste des armes chimiques. C'est une toxicité absolument diabolique. Quelques milligrammes sur la paume de votre main, c'est une mort assurée en quelques minutes."

À l'origine, ce poison violent a été développé par l'URSS dans les années 1970. Vil Mirzyanov, un scientifique russe réfugié aux États-Unis, a participé à son élaboration. Aujourd'hui il regrette d'avoir engendré un tel monstre. "Il n'y a aucun remède, assure-t-il. Il est parfois possible d'y survivre temporairement mais vous en garderez des séquelles à vie."

La semaine dernière, des experts en armes chimiques ont été autorisés à prélever du sang sur Sergueï Skripal et sa fille. En représailles à cet tentative de meurtre, la France, l'Allemagne et 12 autres États européens ont expulsé des diplomates russes.

Céline Hussonnois-Alaya