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Italie

Les bureaux de vote ont ouvert en Italie, pour des législatives à l'issue incertaine

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- - Andreas Solaro - AFP

Les Italiens votaient dimanche pour des législatives à l'issue des plus incertaines, entre montée des droites et des populistes, dans un contexte de tensions autour de l'immigration et de rancœurs à l'encontre du monde politique.

Les Italiens étaient au rendez-vous dimanche pour des élections législatives qui devraient voir une poussée des populistes et de la droite de Silvio Berlusconi, dont le vote a été perturbé par une militante Femen.

À la sortie des bureaux de vote, nombre d'électeurs se montraient amers ou désabusés, au terme d'une campagne aux accents parfois violents, dominée par les questions liées à l'immigration, l'insécurité ou la faiblesse de la reprise économique en Italie.

"J'avais voté communiste et j'ai été déçu, j'ai voté PD (centre-gauche) et j'ai été déçu, et ce pendant de nombreuses années et aujourd'hui, je suis fatigué. On a besoin d'un changement vraiment radical", a expliqué à l'AFP Francesco, retraité, à la sortie d'un bureau de vote près de Naples.

Des mouvements néofascistes

Les électeurs étaient invités à voter jusqu'à 23 heures heure locale pour désigner députés et sénateurs. Les premiers résultats ne sont pas attendus avant tard dans la nuit, compte tenu de la complexité du système électoral. À 19 heures, le taux de participation était d'environ 58%. C'est dix points de plus qu'en 2013, mais le scrutin avait alors été organisé sur deux jours. Durant la campagne, le ton est souvent monté, en particulier autour des migrants, comme cela avait été le cas lors de la campagne pour le Brexit en 2016 ou les législatives en Allemagne comme en Autriche en 2017.

En outre, les mouvements néofascistes ont multiplié les rassemblements publics, ce qui a provoqué des tensions avec les militants d'extrême gauche, en particulier après les coups de feu d'un militant d'extrême droite contre des Africains à Macerata (centre), en représailles à un fait divers sordide attribué à des Nigérians. Samedi, des affichettes ont été découvertes sur les portes de certaines maisons à Pavie (nord) avec l'inscription: "ici habite un antifasciste".

Aucune majorité?

Si la coalition de droite/extrême droite est donnée en tête, elle est loin d'être certaine de pouvoir gouverner. Selon les experts, le seuil pour obtenir la majorité des sièges est de 40 à 45%. Or les derniers sondages disponibles, datant d'il y a deux semaines, plaçaient la coalition droite/extrême droite en tête avec 37% des intentions de vote, dont 17% pour Forza Italia (FI), le parti de Silvio Berlusconi, et 13% pour la Ligue xénophobe de Matteo Salvini, devant le Mouvement 5 étoiles (M5S, populiste, 28%) et la coalition de centre-gauche (27%). Dimanche, la presse italienne semblait déjà résignée à ce qu'aucune majorité ne se dessine.

"Le verdict contre l'Italie est toujours le même: le pays vit une instabilité permanente. L'ingouvernabilité est désormais une maladie endémique", se désolait Claudio Tito dans un éditorial dans La Repubblica.

Si la plupart des responsables politiques ont voté dans le calme, Silvio Berlusconi a eu la surprise de voir une militante Femen se dresser sur la table de son bureau de vote. "Berlusconi, tu es périmé", proclamait le message sur son torse nu.

Inéligible depuis une condamnation pour fraude fiscale, Silvio Berlusconi, 81 ans, a choisi Antonio Tajani, président du Parlement européen, pour diriger le gouvernement en cas de victoire. Mais Matteo Salvini, fort d'une campagne tonitruante contre Bruxelles et les migrants, entend bien porter la Ligue devant FI et prendre lui-même les commandes.

M.P avec AFP