Qui va gouverner l'Italie à partir de dimanche?

L'ancien Premier ministre italien Matteo Renzi et son successeur Paolo Gentiloni, le 12 décembre 2016 à Rome. - VINCENZO PINTO / AFP
Les Italiens votent ce dimanche pour élire leurs nouveaux députés et sénateurs et permettre la formation d'un nouveau gouvernement. Avec un paysage politique morcelé, et compte-tenu de la complexité du système électoral italien qui associe proportionnelle et majoritaire, l'incertitude autour de ce scrutin à un seul tour est immense. Les experts estiment que pour obtenir la majorité absolue des sièges dans les deux chambres, le seuil se situe entre 40 et 45% des voix. Seule certitude à ce stade, il est fort peu probable qu'un parti puisse obtenir seul ce résultat.
Mariage de raison entre droite et extrême-droite
Dans les derniers sondages, c'est le Mouvement 5 étoiles qui recueille le plus grand nombre d'intentions de vote, avec 28%. Mais le parti populiste dirigé par Luigi Di Maio depuis le retrait de Beppe Grillo est isolé sur la scène politique et s'est toujours dit opposé à une coalition.
Pour ce scrutin, c'est la droite au sens très large qui part favorite, car elle a constitué très tôt une alliance. Celle-ci va de la droite républicaine incarnée par le parti de Silvio Berlusconi, Forza Italia, à l'extrême droite xénophobe et souverainiste avec La Ligue, emmenée par Matteo Salvini, un des alliés européens du Front national, et Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni.
Au total, cette coalition est créditée de 38% des intentions de vote (dont 17% pour Forza Italia et 13% pour la Ligue). Face à elle, la coalition de centre gauche, qui comprend le Partito Democratico de Matteo Renzi, en perte de vitesse, rassemble 26% des intentions de vote. Mais surtout, d'après les sondages, il reste à ce stade des millions d'indécis.
Une coalition mais plusieurs Premiers ministrables
En vertu de l'accord interne entre Matteo Salvini et Silvio Berlusconi, celui qui arrivera en tête dimanche dirigera le gouvernement. Dans les derniers jours avant le scrutin, la coalition s'est attachée à se montrer unie, mais ses chefs de file peinent à masquer leurs dissensions, qui pourraient éclater après le vote en fonction des résultats.
Si Forza Italia arrive devant, Silvio Berlusconi ne pourra gouverner directement, car il est interdit de toute fonction publique jusqu'en 2019 après une condamnation pour fraude fiscale. Pour diriger le gouvernement, il mise sur Antonio Tajani, l'actuel président du Parlement européen. Celui-ci s'est officiellement porté candidat jeudi soir.
Si la Ligue l'emporte, Matteo Salvini veut être lui-même le chef du gouvernement, mais cela ne pourra arriver que si Silvio Berlusconi tient sa parole et se range bien derrière lui. Giorgia Meloni plaide quant à elle pour qu'une femme occupe le poste.
Une large coalition pro-Europe?
C'est le scénario sur lequel mise Bruxelles: une sorte de "grande alliance" à l'allemande allant de Forza Italia au Partito Democratico, de centre gauche, les deux partis europhiles parmi tous ceux qui se présentent au scrutin.
En pleine campagne électorale, ni Silvio Berlusconi ni Matteo Renzi, le chef du PD, ne peuvent se permettre d'évoquer ce scénario, mais c'est bien ce qui s'est déjà produit après les dernières législatives en 2013. Et selon le site Votewatch Europe, les élus de Forza Italia au Parlement européen ont voté dans 74% des cas comme ceux du PD, mais seulement dans 36% des cas comme ceux de la Ligue, eurosceptique.
Ou une réunion des eurosceptiques
Mais rien ne garantit que le Partito Democratico, Forza Italia et leurs alliés europhiles, éventuellement renforcés par quelques transfuges de la Ligue qui apprécient peu son récent virage souverainiste, obtiennent assez d'élus pour avoir la majorité dans les deux chambres.
Une autre coalition hypothétique, démentie par les intéressés avec encore plus de vigueur, pourrait à l'opposé réunir les eurosceptiques, la Ligue et le Mouvement 5 étoiles. Mais cette alliance n'est pas non plus assurée d'avoir assez d'élus et risque de rencontrer de fortes oppositions au sein des deux partis.
Que se passera-t-il en cas d'absence de majorité parlementaire?
Si aucune majorité ne se dessine, le président de la République, Sergio Mattarella, devrait laisser en place le gouvernement actuel de Paolo Gentiloni (centre gauche), qui n'a pas besoin de demander la confiance du nouveau Parlement, pour gérer les affaires courantes.