Italie: le gouvernement remporte le vote de confiance

Enrico Letta et Silvio Berlusconi, le 2 octobre, au Sénat. - -
Pas de changement à prévoir en Italie. Le gouvernement d'Enrico Letta a largement remporté un vote de confiance crucial organisé mercredi au Sénat, après la volte-face de Silvio Berlusconi qui avait initialement cherché à le faire chuter.
Après avoir poussé les cinq ministres de son parti à démissionner, samedi, le Cavaliere a en effet créé la surprise mercredi, en appelant les parlementaires à voter la confiance au gouvernement.
Les sénateurs ont été 235 sur 307 présents (majorité absolue à 153) à voter en faveur d'une motion de soutien à l'exécutif Letta, qui unit de façon inédite depuis avril le centre gauche et le centre droit. 70 sénateurs ont voté contre.
Stupeur au centre droit
Dernier à intervenir avant le scrutin, le Cavaliere, âgé de 77 ans, a annoncé, la mine sombre, son ralliement in extrémis au camp du "oui à Letta", avec lequel il avait rompu par surprise samedi en ordonnant aux cinq ministres du centre droit de démissionner. "Nous avons décidé, non sans débats internes, de voter la confiance", a déclaré Silvio Berlusconi, disant avoir été convaincu par les promesses d'Enrico Letta de baisser la fiscalité du travail et d'introduire la possibilité de sanctionner les magistrats outrepassant la procédure.
Sa brève allocution a été accueillie par un silence de stupeur de son camp, tandis qu'Enrico Letta lui serrait la main en signe de remerciement.
La bourse s'est envolée après l'annonce de Silvio Berlusconi (+1,4%) avant de revenir à une progression plus modérée (+0,5% vers 13h30 GMT).
Le PDL divisé
De nombreuses tractations ont eu lieu toute la matinée, après un discours très ferme d'Enrico Letta qui a parlé de "risque fatal" pour l'Italie en cas de chute de son gouvernement. Silvio Berlusconi, selon son entourage, a changé d'avis à plusieurs reprises sur son vote.
Pour James Waltson, de l'université américaine de Rome, "Berlusconi essaie de conserver sa position d'influence au sein du gouvernement et de son parti". "Le Cavaliere capitule, le PDL dans le chaos", titrait la Stampa qui parlait également de "drame humain" pour le Cavaliere, vu au Sénat se tenant la tête entre les mains.
C'est en effet l'extension progressive d'une fronde interne à son parti, Peuple de la Liberté (PDL), qui l'a poussé à sa pirouette surprise. Pour Maurizio Sacconi, un des sénateurs rebelles (23 avaient signé un document pro-Letta), le Cavaliere a dû "prendre acte du fait que seul un quart du parti était en faveur de la censure".
"Majorité différente"
Le "geste fou" de rupture de Silvio Berlusconi était motivé par sa crainte de perdre d'ici à la mi-octobre son siège de sénateur et donc son immunité parlementaire, après sa condamnation définitive le 1er août à une peine de prison pour fraude fiscale.
Pour Sandro Bondi, coordinateur du PDL, qui faisait partie des "faucons", Letta va se retrouver avec "un semblant de gouvernement". "Vous avez obtenu un seul résultat: celui de diviser le Peuple de la liberté", a-t-il dénoncé. Enrico Letta a admis qu'il aurait désormais "une majorité différente" et sans doute plus exiguë. Mais, a-t-il assuré, "nous pouvons atteindre tous les objectifs fixés" en matière de relance de la croissance (économique), des investissements, de réforme électorale et de réduction de la fiscalité sur le travail.