Guerre en Ukraine: l'ambassadeur de France n'est "pas du tout certain que Kiev va tomber"

Kiev (illustration) - AFP
Étienne de Poncins, l'ambassadeur de France en Ukraine, a indiqué ce lundi sur RTL n'être "pas du tout certain que Kiev va tomber". Le diplomate, qui a quitté le 28 mars la capitale pour Lviv, une ville située à l'ouest de l'Ukraine qui n'a pas encore été la cible des bombardements russes, n'a pas exclu un retour dans son ambassade basée dans la capitale ukrainienne.
"Souvent, on me demande où je vais aller si je dois quitter Lviv. Je n'exclus pas, même si ce n'est pas l'hypothèse la plus crédible, que ce soit pour revenir à Kiev et rouvrir cette ambassade que j'ai fermée", a indiqué Étienne de Poncins.
Le Drian pense que "l'Ukraine gagnera"
Cette déclaration intervient alors que le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a indiqué dimanche soir sur France 5: "Je pense que l'Ukraine gagnera." Comment? Un peu moins de deux semaines après le début de l'invasion russe sur l'Ukraine, le ministre a souligné que les sanctions occidentales prises contre Moscou allaient rendre "le prix à payer" de la guerre "insupportable" pour la Russie.
Des propos auxquels Étienne de Poncins souscrit ce lundi. "Comme souvent, je suis d'accord avec mon ministre", a-t-il déclaré.
"Les Ukrainiens vont résister. Kiev est une très grande métropole, de cinq millions d'habitants. Elle est beaucoup plus vaste sur le plan géographique que Paris. Prendre Kiev, c'est sans doute peut-être possible sur le plan militaire. Occuper Kiev sur la durée, c'est autre chose, surtout si les troupes russes se retrouvent face à une guérilla", a estimé le diplomate.
Le diplomate a d'ailleurs tenu à souligner la très grande résistance des Ukrainiens face à l'envahisseur russe, qui n'hésite pas à viser des bâtiments civils.
"Les troupes russes font face à une résistance acharnée des Ukrainiens. Pour être présent sur place, c'est toute la nation ukrainienne qui se lève. Les jeunes gens et les jeunes femmes s'enrôlent pour aller combattre. On nous dit que 65.000 Ukrainiens sont revenus dans leur patrie pour prendre les armes", a précisé Étienne de Poncins.
Et d'ajouter: "On ne peut pas exclure que la résistance ukrainienne conduise les troupes russes à arrêter leur entreprise d'agression sur l'Ukraine."
Certains civils déjà entraînés
Avant le début de l'invasion russe, des civils ukrainiens s'étaient déjà inscrits dans des formations militaires, face à l'aggravation des tensions avec leurs voisins.
"On n'attend pas seulement que l'on nous attaque. On se prépare, on s'entraîne. Je me dis qu'à un moment critique, on sera capable de résister", déclarait début février Yuliya, une volontaire des Forces de défense territoriale ukrainiennes.
Autant d'éléments qui font dire à Étienne de Poncins que "l'objectif russe est de prendre toute l'Ukraine. Reste à savoir s'ils vont y parvenir". Pour l'instant, il s'efforce d'organiser la distribution de l'aide humanitaire aux civils. Et notamment celle des pastilles d'iode, qui doit débuter la semaine prochaine, alors que la Russie a pris le contrôle de deux sites nucléaires ukrainiens, à Tchernobyl et Zaporijjia.