Face aux tensions dans l'Est, l'Ukraine rétablit le service militaire

Des pro-russes devant le siège du Parquet régional à Donetsk, dans l'Est de l'Ukraine, le 1er mai. - -
Alors que la tension était encore très vive, ce jeudi, entre militants pro-russes et partisans de Kiev dans l'est de l'Ukraine, le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, a annoncé la réintroduction de la conscription militaire, qui avait été supprimée.
A Donetsk, grande ville de l'Est de l'Ukraine, le siège du Parquet régional a été assiégé puis saisi en moins d'une heure, ce jeudi, par une foule de manifestants pro-russes, illustrant l'impuissance croissante des autorités ukrainiennes à assurer l'ordre dans la province troublée du Donbass. Les policiers qui tentaient de protéger le bâtiment ont été frappés avant qu'ils ne puissent repartir, désarmés et pour certains en pleurs.
Le service militaire rétabli
Face à la dégradation de la situation dans l'Est du pays, l'Ukraine a réintroduit, ce jeudi, la conscription supprimée il y a à peine un an. Le président par intérim Olexandre Tourtchinov a signé un décret en ce sens qui entre en vigueur immédiatement "compte tenu de la dégradation de la situation dans l'Est et dans le Sud (...), de la montée en puissance des unités armées pro-russes, de la prise de contrôle ou blocus d'administrations publiques, d'unités militaires, de communications de transport dans les régions de Donetsk et Lougansk", selon un communiqué de la présidence.
"Cela porte atteinte à l'intégrité territoriale du pays", ajoute la présidence. La conscription concernera les hommes âgés de 18 à 25 ans qui n'ont pas droit à un sursis.
Un 1er mai en demi-teinte
Les rebelles pro-russes, hostiles au pouvoir mis en place à Kiev après le renversement du président Viktor Ianoukovitch, ont continué ces derniers jours d'étendre leur emprise. Ils contrôlent désormais des sites stratégiques (mairie, siège de la police et des services de sécurité) dans plus d'une douzaine de villes.
En ce 1er mai, jour férié, les traditionnels défilés de la Fête du Travail ont donné à chaque camp l'occasion de défendre ses couleurs et slogans. A Kiev, les habitants ne se sont guère mobilisés en dépit de la gravité de la crise, la pire dans ce pays de 46 millions d'habitants issu de l'Union soviétique et indépendant depuis 1991. Seules 2.000 à 3.000 personnes se sont réunies dans le calme scandant des slogans en faveur de l'unité de l'Ukraine.
A Moscou, par contraste, la mobilisation a été massive et patriotique: environ 100.000 personnes ont défilé sur la place Rouge. "Je suis fier de mon pays", "Poutine a raison", proclamaient des pancartes dans la foule. Même phénomène à Simféropol, capitale de la péninsule ukrainienne de Crimée, rattachée en mars à la Russie, où quelque 60.000 personnes ont défilé en brandissant des drapeaux russes avec des banderoles "Nous sommes la Russie", "Poutine est notre président". A Kharkiv (est de l'Ukraine), environ 2.000 pro-russes ont défilé dans le centre en criant "l'Ukraine sans fascistes", "le russe, langue d'Etat"