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Europe

Ukraine: après la Crimée, l'Est du pays sous haute tension

Un manifestant pro-russe surveille les barricades érigées devant le bâtiment de l'administration locale, à Donetsk, dans l'Est de l'Ukraine, le 8 avril.

Un manifestant pro-russe surveille les barricades érigées devant le bâtiment de l'administration locale, à Donetsk, dans l'Est de l'Ukraine, le 8 avril. - -

Après la Crimée, l'Est de l'Ukraine menace de faire sécession. Les pro-russes de cette région du pays réclament un rattachement à Moscou, sur fond de déclarations virulentes de Washington, Moscou et Kiev.

Après la perte de la Crimée, les autorités de Kiev sont désormais confrontées à une menace de sécession de l'Est de l'Ukraine, russophone, où les pro-russes ont proclamé une "république souveraine" et réclamé leur rattachement à la Russie, et ce alors que les troupes russes sont massivement déployées le long de la frontière ukrainienne. Les événements et les violences se sont accélérées ces derniers jours, dans les principales villes de l'est ukrainien, obligeant Washington a monter le ton et mettre en garde Moscou, trois semaines après le rattachement de la Crimée à la Russie.

Occupation de bâtiments officiels

Depuis dimanche, la tension s'est brusquement aggravée dans cette région, frontalière de la Russie. Des manifestants pro-russes se sont emparés de bâtiments officiels dans plusieurs villes, notamment à Kharkiv et Donetsk, descendant les drapeaux ukrainiens bleu et jaune pour hisser le blanc-bleu-rouge russe.

A Kharkiv, des manifestants ont ainsi pris le contrôle du bâtiment de l'administration locale avant de l'évacuer, tôt lundi. La situation est néanmoins restée très tendue toute la journée dans la ville. Mardi, les autorités pro-européennes de la ville ont repoussé un nouvel assaut à coups de cocktails molotov et arrêté 70 activistes.

A Donetsk, ville d'un million d'habitants située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière russe, les événements se sont accélérés, lundi. Après celui de l'administration, des manifestants se sont emparés du bâtiment des services de sécurité. Ils ont également proclamé une "république souveraine", décidant d'organiser un référendum sur leur souveraineté régionale avant le 11 mai. Le site d'information régional Ostrov affirme de son côté qu'ils demandent à rejoindre la Fédération de Russie. La chaîne de télévision ukrainienne Kanal 5 a montré un orateur réclamant l'envoi de "forces d'interposition" russes, faisant craindre un scénario similaire à celui s'étant déroulé en Crimée, péninsule ukrainienne rattachée en mars à la Russie.

Kiev et Moscou engagés dans une joute verbale

Face à ces événements, le gouvernement ukrainien pro-européen a dénoncé un plan du grand voisin russe "pour qu'une armée étrangère passe la frontière et envahisse le territoire ukrainien". "Ce scénario est écrit par la Fédération de Russie et son seul but est de démembrer l'Ukraine", a ainsi lancé le Premier ministre, Arseni Iatseniouk, lors d'une réunion d'urgence du gouvernement. Le président par intérim Olexandre Tourtchinov a pour sa part accusé les séparatistes pro-Poutine de travailler "avec les services secrets russes" pour "rejouer le scénario de la Crimée" et les a qualifié de "terroristes et criminels"

Moscou n'a pas tardé à répliquer, demandant qu'on cesse de "l'accuser de tous les problèmes de l'Ukraine" et appelant Kiev à cesser des préparatifs en vue d'une intervention dans l'Est, qui risquerait de "déclencher une guerre civile". Le président russe Vladimir Poutine s'est engagé par avance à défendre "par tous les moyens" les populations russophones des républiques de l'ex-URSS en cas de violences. Et l'envoi, par Moscou, de jusqu'à 40.000 soldats aux frontières de l'Ukraine a fait craindre une invasion.

Washington hausse le ton

En réaction à ces nouvelles tensions, les Etats-Unis ont fait entendre leur voix, appelant Vladimir Poutine à cesser de "déstabiliser" l'Ukraine, tout en accusant Moscou d'"orchestrer" les manifestations pro-russes dans l'Est ukrainien. Washington a toutefois proposé des pourparlers à quatre entre Américains, Russes, Ukrainiens et Européens, pour désamorcer cette nouvelle crise.

Washington a également brandi la menace de "nouvelles sanctions contre l'économie russe" en cas de dérapage, selon la Maison Blanche, et a dépêché vers la mer Noire un destroyeur lance-missile.

Adrienne Sigel et avec Brune Daudré