"Cette fraude détruit ma vie": victime d'une usurpation d'identité, un Allemand empêché de trouver un emploi

Un passeport allemand, en 2017 (ILLUSTRATION) - Pxhere
Un imbroglio administratif qui le mine. Un Allemand de 24 ans est victime depuis quatre ans d'une usurpation d'identité de la part de l'auteur de nombreux délits, ce qui l'empêche notamment de trouver un emploi, rapporte The Guardian ce lundi 24 mars.
"Cette fraude détruit ma vie", se désole le jeune homme auprès du média britannique.
"Je suis innocent et je n'ai jamais commis aucun de ces crimes", clame-t-il, faisant référence aux différentes condamnations inscrites sur son casier judiciaire, mais dont il se dit totalement étranger.
Sa carte d'identité disparue après un séjour à Londres
L'origine des ennuis actuels de Rami Battikh date de 2019. Le jeune Allemand est alors à Londres pour des vacances. Originaire de la ville de Bonn, dans l'ouest de l'Allemagne, il voyage au Royaume-Uni avec sa carte d'identité.
Mais lorsqu'il doit rentrer en Allemagne, impossible de retrouver sa carte. Ne sachant pas s'il l'a perdue ou s'il se l'est fait voler, Rami Battikh ne s'inquiète pas et dépose simplement une nouvelle demande de carte d'identité une fois de retour sur le sol allemand.
Le jeune homme, qui a fini depuis peu ses études, doit entrer dans la vie active. Alors qu'il dispose de deux offres d'emploi, l'un chez l'opérateur téléphone Vodafone, l'autre au bureau des impôts locaux de Bonn, ses futurs employeurs mènent des vérifications de routine concernant le passé judiciaire de Rami Battikh. C'est là qu'ils découvrent que son casier judiciaire n'est pas vierge.
Une série d'infractions inscrites à son casier judiciaire
Rami Battikh découvre alors qu'un autre homme a usurpé sa carte d'identité à partir de mars 2021. Il l'a en effet utilisée pour décliner son identité alors qu'il était condamné à 18 mois de prison à Londres pour une série d'infractions. Parmi elles, une conduite sans permis et sans assurance et une affaire de fraude.
"Je n'arrivais pas à y croire", confie le jeune homme.
"J'ai dit à mes employeurs que ce n'était pas vrai, que ce n'était pas moi du tout, que je détenais la preuve que je n'étais pas au Royaume-Uni à ce moment-là, car j'étais en Tunisie à l'époque et des tampons figuraient sur mon passeport pour le prouver", dit-il.
"Mais ils m'ont dit qu'ils ne pouvaient pas se contenter de me croire sur parole à propos de mon casier judiciaire", se désole-t-il.
Impossible d'être recruté
Bien décidé à ne pas laisser la situation s'enliser, Rami Battikh prend les services d'un avocat. Un juge britannique, aujourd'hui retraité, reconnaît bien qu'il y a eu usurpation d'identité. Son successeur récupère le dossier et demande en 2022 à la police britannique de corriger les informations présentes dans le casier judiciaire du jeune Allemand. Mais rien n'est fait.
Et plus d'un an plus tard, la situation s'aggrave. De nouveaux délits sont inscrits dans le casier judiciaire. Parmi eux, le port d'une arme blanche dans un lieu public.
Déjà stupéfait, Rami Battikh est alors désespéré. "Je n'arrivais pas à y croire, je me suis demandé ce qui n'allait pas au Royaume-Uni", dit-il.
"(Les juges) avaient déjà dit que je n'étais pas le criminel en question et que ma carte d'identité avait été volée car le tribunal l'avait confirmé. Mais pourquoi est-ce qu'ils ne peuvent pas effacer mon nom du dossier? J'étais vraiment énervé", s'agace-t-il.
"Je ne peux plus vivre comme ça"
Refusant de baisser les bras, il écrit directement à la police londonienne pour demander de l'aide, mais encore une fois, rien ne bouge. Sans emploi, le jeune homme a dû vendre sa voiture pour payer ses factures. Il lance aujourd'hui un appel à l'aide aux autorités de police et de justice britanniques.
Dans un courrier à un tribunal londonien, il clame une nouvelle fois son innocence et dit se mettre à la disposition des juges. "S'il vous plaît, si vous voulez, je vous donnerai mes empreintes digitales, une mèche de cheveux... Je ne peux plus vivre comme ça", dit-il.
La police londonienne a déclaré être "au courant" de cette affaire, dans un communiqué. Elle assure "collaborer avec d'autres agences pour faire avancer le dossier et rectifier la situation", promettant des "informations actualisées au demandeur prochainement".