En Thaïlande, difficile retour à la vie pour les enfants rescapés de la grotte

Les enfants thaïlandais sont restés coincés dans la grotte 17 jours - AFP
Sortis sains et saufs de la grotte, les 12 enfants miraculés de Thaïlande et leur entraîneur âgé de 25 ans doivent désormais refaire surface, physiquement comme mentalement. Après 17 jours coincés dans une cavité souterraine sans eau, ni nourriture, ni contact avec leurs proches, le traumatisme pourrait bien laisser des traces.
Evacués mardi de la grotte de Tham Luang après plus de deux semaines, dont neuf jours sans même savoir s'ils allaient être retrouvés, ces jeunes doivent désormais surmonter le traumatisme de cette expérience éprouvante. Pour l'heure, "ils sont tous en bonne santé mentale", affirment les autorités thaïlandaises.
Ils doivent dans un premier temps passer au moins une semaine en quarantaine à l'hôpital de Chiang Rai, se contentant de voir leur famille à travers une vitre.
De probables symptômes dans les mois à venir
Cauchemars, claustrophobie, tristesse, attaques de panique... Après une expérience traumatisante de cette ampleur, les experts s'accordent cependant à dire que pendant le mois à venir, ces symptômes sont tout à fait communs.
"Après une telle épreuve, se retrouver dans des circonstances similaires, comme être dans le noir, dans une chambre à la porte fermée, devoir passer un scanner ou même nager, peut réveiller le traumatisme", analyse Jennifer Wild, du Centre d'études de l'anxiété et des traumatismes à Oxford, contactée par le Science Media Centre.
La présence du jeune entraîneur de 25 ans a été un facteur rassurant, soulignent les autorités. "Ils étaient tous ensemble, comme une équipe, à s'aider. Leur coach a très bien géré la situation", a souligné ce mercredi Thongchai Lertwilairatanapong, du ministère de la santé, lors d'une conférence à l'hôpital de Chiang Rai où les rescapés sont hospitalisés.
"Si après un mois, certains restent sous le choc, ils devront être suivis de près médicalement", analyse Yongyud Wongpriromsarn, expert en santé mentale du ministère de la Santé. En effet, au-delà de ce délai, le risque de stress post-traumatique apparaît.
"Se concentrer sur le fait qu'ils sont sortis"
"S'ils peuvent voir cette épreuve comme une aventure hors du commun plutôt que de ressasser les façons dont cela aurait pu leur coûter la vie, ils peuvent plutôt bien s'en sortir émotionnellement", analyse Jennifer Wild. "C'est important que les garçons se concentrent sur le fait qu'ils sont sortis plutôt que sur ce qui aurait pu arriver", insiste-t-elle.
Le retour à l'école des rescapés devrait également être un facteur rassurant pour les enfants qui reprendront leurs habitudes entourés de leurs camarades: "Aider les autres au sein du groupe, penser à son avenir, retourner à l'école et dans sa communauté sont des avancées fondamentales", explique Boonruang Triruangworawat, chef du département de santé mentale du ministère de la santé thaïlandais.
Eviter l'exposition médiatique
Lors des différents tentatives d'évacuation, les secouristes ont critiqué l'usage de drones par certains médias qui ont pour certains gêné les hélicoptères évacuant les enfants. Par ailleurs, des experts ont notamment mis en garde les journalistes quant au risque d'exposition médiatique, recommandant d'éviter toute séance photo ou interview des rescapés.
"Les enfants ne devraient pas donner d'interviews ou être sollicités pour des photos pendant un petit moment", recommande Andrea Danese, psychiatre et chercheur spécialisé dans le stress au King's College de Londres, cité par Science Media centre.