Ebola: pourquoi les pays occidentaux réagissent maintenant?

Un homme désinfecte la pelouse, devant la maison où réside une soignante contaminée par Ebola, à Dallas, au Texas, le 12 octobre 2014. - Mike Stone - Getty Images North America - AFP
Face à Ebola, les Occidentaux retroussent leurs manches. Le président américain Barack Obama a assuré, mercredi, que les Etats-Unis vont répondre de manière "plus agressive" à la menace du virus, alors qu'une deuxième soignante a été contaminée, au Texas. De son côté, la France a annoncé que des contrôles seraient effectués à l'aéroport de Roissy, dès samedi. Des mesures concrètes, qui interviennent alors que l'épidémie a déjà fait près de 5.000 morts. Pourquoi les pays occidentaux ont attendu jusqu'à aujourd'hui pour prendre de telles mesures? Réponse en trois points.
> Parce que les chiffres s'affolent
La fièvre hémorragique Ebola est désormais considérée comme la "plus grave urgence sanitaire de ces dernières années" par les leaders occidentaux. Ainsi, Barack Obama et ses homologues européens François Hollande, David Cameron, Angela Merkel et Matteo Renzi, se sont mis d'accord pour en faire beaucoup plus pour tenter de stopper la progression de la maladie, au cours d'une vidéo-conférence de 75 minutes, mercredi. Et ce alors que le nombre de victimes ne cesse de croître.
Selon les derniers chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), rendus publics mercredi, le virus Ebola a fait 4.493 morts dans le monde, sur 8.997 cas enregistrés. Le compteur devrait continuer à s'affoler puisque les autorités sanitaires ont prédit une prochaine explosion des nouveaux cas dans les trois pays les plus touchés que sont le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée. Quelque 5.000 à 10.000 nouveaux cas par semaine pourraient y être recensés début décembre, a averti l'OMS cette semaine, soulignant que dans certaines régions, le taux de mortalité peut atteindre 70%.
> Parce que les pays africains ne parviennent pas à endiguer la maladie
Ces chiffres témoignent d'une situation hors de contrôle. Ils ont poussé l'ONU à demander à ses pays membres "d'accélérer et d'étendre leur aide financière et matérielle" aux pays africains touchés, dont les structures sanitaires sont incapables de faire face à la maladie, et où le personnel soignant est très dangereusement exposé. Mardi, le chef de la mission des Nations unies chargé de coordonner la réponse d'urgence a alerté: "Soit nous arrêtons Ebola maintenant, soit nous devrons affronter une situation sans précédent et pour laquelle nous n'avons pas de plans."
Dans cette optique, Barack Obama, qui a annulé des déplacements de mercredi et jeudi pour se consacrer à la gestion de la crise Ebola, a demandé aux dirigeants européens de faire un effort plus important en matière d'aide directe aux pays africains. Le président américain a notamment pointé le risque que le virus se répande si la réponse internationale en Afrique reste insuffisante. Les Etats-Unis ont d'ores et déjà envoyé des centaines de militaires dans la zone la plus touchée et promis de débloquer des centaines de millions de dollars.
> Parce qu'il y a eu des couacs
Aux Etats-Unis, le renforcement des mesures pour lutter contre la propagation d'Ebola s'explique également par la contamination d'une seconde soignante, qui travaillait près du premier patient à avoir été diagnostiqué, mort le 8 octobre. Ce nouveau cas a révélé une série de défaillances dans la gestion américaine de la maladie.
Pourtant, en septembre, les autorités sanitaires affirmaient que le pays était préparé à une éventuelle propagation du virus sur son sol. Le premier couac était intervenu peu après: un Libérien s'était présenté le 25 septembre dans un hôpital de Dallas, au Texas, avec de la fièvre et des douleurs musculaires, avant d'être renvoyé chez lui. Ce premier cas d'Ebola n'avait été diagnostiqué que le 30 septembre. Entre temps, le malade avait été en contact direct ou indirect avec 188 personnes. Dernière faille en date relevée sur le territoire américain: la seconde soignante contaminée a pris l'avion entre l'Ohio et le Texas, la veille du jour où elle a été diagnostiquée. 132 passagers étaient à bord.
Mais les Etats-Unis ne sont pas les seuls concernés par ces couacs. En Espagne, la contamination d'une infirmière qui travaillait au contact d'un malade d'Ebola dans un hôpital madrilène a révélé une faille dans le protocole de protection, qui aurait été mal enclenché. Une erreur qui a poussé la Commission européenne à demander à l'Espagne des "éclaircissements", afin de détecter le problème et de s'en servir comme d'un exemple à ne pas reproduire, auprès des autres pays.