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Asie

Séisme: sans logement, épuisés, les Népalais laissent éclater leur colère

Les policiers sont en alerte, à Katmandou, mercredi 29 avril 2015.

Les policiers sont en alerte, à Katmandou, mercredi 29 avril 2015. - Philippe Lopez - AFP

La situation s'est tendue ce mercredi Katmandou lorsque des milliers de personnes sans logement, épuisées par les répliques du séisme, le manque d'eau et la pénurie alimentaire, ont attendu en vain les bus promis par le gouvernement, et qui devaient les ramener vers leurs familles. Des échauffourées ont éclaté avec la police anti-émeute, envoyée pour tenter de contenir la situation.

Quatre jours après le puissant séisme qui a tué au moins 5.000 personnes, l'atmosphère se tend au Népal. Des rescapés en colère se sont heurtés ce mercredi à la police anti-émeute envoyée pour tenter de contenir la situation, et se sont emparés de réserves d'eau à Katmandou.

Des milliers de personnes sans logement, épuisées par les répliques du séisme et confrontées à la baisse des réserves alimentaires, s'étaient rassemblées avant l'aube à la gare routière pour monter à bord d'un des bus spéciaux promis par le gouvernement. Mais la colère est montée dans la foule: les bus n'étaient pas au rendez-vous, et des échauffourées ont éclaté avec la police anti-émeute.

La foule arrête un camion et s'empare de bouteilles d'eau

"Nous attendons depuis l'aube. Ils nous ont dit qu'il y aurait 250 bus mais aucun n'est encore arrivé", explique Kishor Kavre, un étudiant de 25 ans venu dans l'espoir de partir de la capitale népalaise en ruines. "Nous sommes impatients de pouvoir revenir chez nous pour voir nos familles mais nous ne savons pas quand ils (les bus, Ndlr) viendront. Je pense que le gouvernement est à la peine".

Des rescapés ont par ailleurs obligé un camion de bonbonnes d'eau à s'arrêter et ont grimpé sur le toit pour s'emparer de bouteilles d'eau et les jeter à la foule. Les colonnes de la police anti-émeute se sont postées derrières des rouleaux de fil barbelé pour riposter à des hommes armés de bâtons qui s'engouffraient dans une rue pour attaquer des bus et plusieurs autres véhicules.

Le gouvernement a reconnu être dépassé par l'ampleur de la catastrophe, face au séisme le plus meurtrier depuis plus de 80 ans au Népal. "Il y a eu des faiblesses dans la gestion des opérations de secours", a reconnu le ministre des Communications, Minendra Rijal sur la chaîne népalaise Kantipur Television. "La catastrophe est tellement énorme et sans précédent que nous n'avons pas été en mesure de répondre aux attentes des personnes. Mais nous sommes prêts à reconnaître nos faiblesses, à apprendre et à aller de l'avant du mieux possible", a-t-il assuré.

Des centaines de milliers de personnes dorment dans la rue

Les répliques du séisme ont nettement diminué mais des centaines de milliers de personnes continuent de dormir dans la rue, leur logement ayant été détruit ou fragilisé. Certains reviennent cependant sur les ruines de leur maison pour essayer de retrouver leurs affaires. Dans les villages de campagne difficilement accessibles, le désespoir est aussi à son comble, les survivants demandant à être évacués quand un hélicoptère de secours parvient jusqu'à eux.

Plus de 5.000 personnes (5.057) ont été tuées au Népal depuis le séisme de magnitude 7,8 survenu samedi et environ 8.000 personnes blessées. Selon l'ONU, huit des 28 millions d'habitants du pays ont été affectés par la catastrophe.

Sur place, les secours soulignent la difficulté de la tâche. "C'est un chantier qui est très difficile, très compact, en plus on a eu de la pluie tout à l'heure. Donc c'est vrai que c'est très difficile. Les chiens, ça fait 48 heures qu'ils travaillent", explique Pascal Montant, qui conduit une unité de secours cynophile.

L'aéroport de Katmandou fortement congestionné

L'armée népalaise espère qu'une amélioration des conditions météo va permettre d'accéder plus facilement à certains secteurs mercredi. "Nous allons au bout de nos ressources pour atteindre un maximum d'endroits. Le temps est meilleur aujourd'hui donc nous espérons aider plus de victimes", a annoncé le porte-parole de l'armée, Jagdish Pokharel.

Un hélicoptère de l'armée est parvenu à atteindre le site d'une avalanche dans le district de Ghoratabela mardi après-midi, une région réputée pour les amateurs de trekking. Le nombre de victimes est inconnu mais 18 survivants ont pu être récupérés et il pourrait y avoir 200 à 250 personnes dans cette zone, selon un responsable local, Gautam Rimal.

Quant à l'unique aéroport international, sa congestion rend difficile l'arrivée des équipes de secours et du matériel. Un avion humanitaire français est ainsi bloqué à Abou Dhabi, aux Emirats Arabes Unis, faute de pouvoir atterrir à Katmandou. L'ONU a indiqué que le Népal ne souhaitait plus accueillir d'équipes de secours étrangères, estimant leur nombre suffisant.

Le Népal, à l'instar de tout le reste de l'Himalaya, où se rencontrent les plaques tectoniques indienne et eurasienne, est une région à forte activité sismique.

la rédaction avec AFP