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"Personne ne croit qu’ils vont survivre": Marioupol, une ville martyre assiégée par l'offensive russe

Un bombardement russe à Marioupol a touché un hôpital pour enfant le 9 mars 2022

Un bombardement russe à Marioupol a touché un hôpital pour enfant le 9 mars 2022 - Mariupol City Council / AP

Encerclée par les forces russes, la ville ukrainienne tente de survivre depuis une dizaine de jours aux bombardements et aux coupures de vivre, dans l'attente d'un convoi humanitaire.

La ville de Marioupol vit une situation dramatique. Toujours visée par l'offensive russe, ce port du sud-est de l'Ukraine à la position stratégique, vit assiégée depuis une dizaine de jours. La situation sur place est de plus en plus alarmante. Manquant d'eau, de vivres, d'électricité et de communications, les habitants vivent dans l'attente d'un convoi humanitaire qui tarde à arriver.

22 bombardements en 24 heures

Située entre la Crimée et le Donbass, Marioupol est particulièrement visée par l'offensive russe et connaît depuis plusieurs jours de nombreux bombardements. Plus de 2180 habitants de Marioupol ont été tués depuis le début de l'offensive russe, a affirmé dimanche la mairie de la ville. Soldats et civils sont enterrés dans des fosses communes créées à la va-vite.

"Les femmes et les enfants sont allés dans les sous-sols, et ensuite des obus de mortier ont atteint l'immeuble. On était piégés au sous-sol, et deux enfants sont morts", confie à France 2 en larmes Anastasiya Erashova, une habitante, après avoir perdu son enfant.

"Les occupants frappent cyniquement et délibérément des bâtiments résidentiels, des zones densément peuplées, détruisent des hôpitaux pour enfants et infrastructures urbaines", a dénoncé la mairie de cette cité stratégique située entre la Crimée et le Donbass.

"En 24 heures, nous avons connu 22 bombardements d'une ville paisible. Environ 100 bombes ont déjà été larguées sur Marioupol", selon le maire.
Image satellite Maxar, prise et publiée le 12 mars 2022, montrant des incendies et destructions dans une zone industrielle de l'ouest de Marioupol, en Ukraine
Image satellite Maxar, prise et publiée le 12 mars 2022, montrant des incendies et destructions dans une zone industrielle de l'ouest de Marioupol, en Ukraine © - © 2019 AFP

"Les gens meurent de faim, de soif"

Le docteur Mégo Terzian, président de Médecins sans frontières (MSF), de retour d'Ukraine évoque sur BFMTV "une situation très très difficile dans la ville", selon l'un de ses confrères resté sur place et joint par téléphone quelques jours plus tôt.

Sur place, la population tente de survivre avec de multiples restrictions qui rendent son quotidien très difficile. "Pas d'électricité, pas d'eau potable, pas de nourriture ou très peu, presque plus de médicaments dans les hôpitaux qui sont toujours fonctionnels", énumère le médecin.

"Le collègue racontait qu'il collecte de la neige pour avoir de l'eau potable", précise-t-il.

"Les gens meurent de faim, de soif", alerte Oleksandr, 35 ans, dans Le Monde. Originaire de la ville, il a pu joindre par téléphone ses parents restés sur place et qui lui racontent leur quotidien.

"Maman raconte, en larmes, qu’elle fait cuire les restes de nourriture sur le feu dans la rue entre les bombardements", se désole-t-il. "Pour éviter la déshydratation, ils boivent de l’eau en drainant les radiateurs", poursuit-il.

"Un froid glacial"

À ces restrictions s'ajoutent des conditions météorologiques difficiles. Il fait particulièrement froid en Ukraine actuellement et les conditions de vie à Marioupol rendent le quotidien de ses habitants particulièrement pénibles.

"Il fait –8°C dehors maintenant et la température maximale dans les appartements est de 10°C ", raconte Oleksandr.

"Aujourd'hui, il fait un froid glacial dans (l')appartement (de ses parents), car il n’y a pas de gaz, pas d’eau ni de chauffage dans la ville, et toutes les vitres ont explosé", explique-t-il. Les habitants restés sur place sont nombreux à considérer leur situation comme désespérée.

"Dans la ville, personne ne croit qu’ils vont survivre'", assure Oleksandr.

Marioupol attend toujours ce lundi l'arrivée d'un convoi humanitaire, après que les véhicules avaient dû faire demi-tour dimanche en raison des tirs russes incessants, selon un conseiller du maire de la ville Petro Andryushchenko. Une nouvelle tentative est prévue ce lundi.

Juliette Desmonceaux avec AFP