Mort du général Kirillov: ce que l'on sait sur l'assassinat par l'Ukraine du haut responsable de l'armée russe

L'immeuble de Moscou devant lequel a été tué le général Kirillov, le 17 décembre 2024 - Alexander NEMENOV / AFP
"Un crime sans précédent". Tôt ce mardi 17 décembre, le général Igor Kirillov, à la tête des forces russes de défense radiologique, chimique et biologique, a été tué dans une explosion devant un immeuble d'habitation en plein Moscou. L'assistant qui l'accompagnait a, lui aussi, été tué.
"Igor Kirillov, et son assistant ont été tués" dans l'explosion provoquée par un déclenchement d'un engin explosif, a annoncé le Comité d'enquête russe, qui déclare par ailleurs qu'une enquête pour "assassinat", "attentat" et "trafic d'armes" a été ouverte.
• Qui était Igor Kirillov
Né en 1970 à Kostroma, au nord-est de la Russie, Igor Anatoliévitch Kirillov avait servi dans les forces armées de l'URSS dès 1987. Salué par le président de la Douma Viatcheslav Volodine comme étant un "patriote" et un "militaire professionnel", Igor Kirillov s'était fait connaître sur la scène internationale pour ses discours anti-Ukraine et contre les États occidentaux.
Mais aussi pour des prises de paroles critiquées, faisant de lui un "porte-parole important de la désinformation du Kremlin", selon le ministère des Affaires étrangères britannique, rappelle la BBC. Avant d'être le chef des forces nucléaires de l'armée russe, Igor Kirillov dirigeait l'Académie russe Timoshenko de protection contre les radiations, les produits chimiques et la biologie.
Parmi ses sorties les plus commentées: une accusation à l'encontre des États-Unis d'avoir construit des laboratoires d'armes biologiques en Ukraine, censé créer des virus à visée militaire. Un argument utilisé pour justifier l'invasion du pays en 2022.

Âgé de 54 ans, Igor Kirillov était aussi connu au-delà des frontières russes pour avoir été accusé et sanctionné pour le déploiement présumé d'armes chimiques en Ukraine. En poste depuis avril 2017, le militaire a été sanctionné en octobre dernier par le Royaume-Uni pour "déploiement d'armes chimiques barbares en Ukraine".
Kiev dit avoir recensé 4.950 cas d'utilisation par la Russie de munitions contenant des agents chimiques depuis février 2023, ayant blessé par "empoisonnement chimique" plus de 2.000 soldats ukrainiens, a affirmé l'ambassadeur ukrainien à l'ONU Sergiy Kyslytsya. Les autorités russes ont rejeté ces accusations à plusieurs reprises, en les qualifiant d'"absurdes".
• Une explosion à la trottinette piégée
L'explosion qui a tué le haut gradé militaire russe et son assistant ce mardi 17 décembre a été provoquée par un enfin explosif dissimulé dans une trottinette, en bas d'un immeuble d'habitation dans un quartier résidentiel, sur l'avenue Riazanski, dans le sud-est de Moscou, affirment les enquêteurs russes. La déflagration a endommagé l'entrée du bâtiment.
Après l'assassinat de son haut responsable militaire, Moscou a promis de "châtier les responsables". "Un crime sans précédent a été commis à Moscou", a écrit de son côté le quotidien russe Kommersant sur son site. L'ancien président russe Dmitri Medvedev dénonce lui des "tentatives visant à intimider notre peuple, à arrêter l'avancée de l'armée russe et à semer la peur" et assurent qu'elles "sont vouées à l'échec."
Une minute de silence a aussi été observée lors d'une session de la chambre basse du Parlement. Pour sa part, le vice-président du Conseil de la Fédération, la chambre haute du Parlement russe, Konstantin Kossatchev, a promis que "les assassins seront punis. Sans aucun doute et sans pitié". Pour l'heure, ni le Kremlin, ni Vladimir Poutine ne se sont exprimés sur le sujet.
• L'Ukraine revendique l'explosion
Vers une nouvelle escalade des tensions entre la Russie, qui promet de se venger et l'Ukraine? Quelques heures après l'annonce de l'explosion et de la mort d'Igor Kirillov, Kiev a revendiqué l'assassinat du haut responsable russe, affirmant qu'il s'agissait d'une "opération spéciale du SBU", les services de sécurité ukrainiens, qui l'accusait, jusqu'à ce lundi, de "crime de guerre".
"Kirillov était un criminel de guerre et une cible tout à fait légitime, car il avait donné l'ordre d'utiliser des armes chimiques interdites contre l'armée ukrainienne", a poursuivi une source du SBU à l'AFP.
Il est par ailleurs le plus haut et le plus médiatique responsable militaire russe à avoir été éliminé à Moscou depuis le début de l'offensive russe contre son voisin ukrainien en février 2022.