BFMTV
Russie

"L'enfer sur Terre": un soldat ukrainien raconte les violences subies en prison en Russie

Le soldat a été fait prisonnier par Moscou dès le premier jour de l'invasion russe, le 24 février 2022 (photo d'illustration).

Le soldat a été fait prisonnier par Moscou dès le premier jour de l'invasion russe, le 24 février 2022 (photo d'illustration). - Kenzo Tribouillard - AFP

Vladyslav Zadorin a été capturé par l'armée russe au premier jour de l'invasion en Ukraine. Il a passé plus de 600 jours dans différentes prisons en Russie.

Enfermé pendant plus de 600 jours dans les geôles russes, le soldat ukrainien Vladyslav Zadorin profite de sa liberté retrouvée pour témoigner des conditions de détention des prisonniers de guerre en Russie. Il était à Dijon ce samedi 15 mars, à Toulouse lundi 17 et sera dans l'agglomération grenobloise ce mercredi.

"Mon but est de sauver mes amis qui sont là-bas. C'est pour ça que je suis ici, pour parler de l'Ukraine, mais aussi pour que ça n'arrive jamais en France", explique-t-il au Bien Public avant de prendre la parole à Dijon.

"On a appris à manger le papier toilette, le savon, les rats"

Un peu plus d'un an après sa libération, Vladyslav Zadorin veut raconter "l'enfer sur Terre" qu'il a vécu pendant 679 jours et qui l'a poussé à faire deux tentatives de suicide. Le soldat a été fait prisonnier par Moscou dès le premier jour de l'invasion russe, le 24 février 2022, alors qu'il défendait l'île des Serpents.

Contrairement à de nombreux soldats capturés à ce moment-là, il n'a pas été relaché dans les semaines qui ont suivi mais a été transféré dans sept centres de détention.

Il raconte au média local avoir subi de nombreuses violences physiques. Il se souvient avoir vu son corps passer "du bleu au vert, puis du vert au rouge", sous les coups des gardiens. Vladyslav Zadorin assure aussi avoir subi des "chocs électriques" infligés sur toutes les parties du corps avec "un outil vétérinaire" et que de nombreux prisonniers ont connu des violences sexuelles allant jusqu'à "des parties génitales coupées".

Le jeune soldat est aussi passé de 120 kg à son entrée dans les geôles russes à 60kg à sa sortie.

"On avait souvent qu’un seul petit morceau de pain avec du sable. On a appris à manger le papier toilette, le savon, les rats", témoigne-t-il.

"Ils voulaient nous russifier"

À cela se sont ajoutées les violences psychologiques mises en oeuvre par la Russie. Les soldats lui racontaient que l'Ukraine "n’existait plus, qu’elle était déjà tout occupée et que c’était la Russie".

"Le matin, on se réveillait et on devait chanter l’hymne russe. Si les gardiens n’aimaient pas notre manière de chanter, on pouvait le chanter jusqu’au soir, on le connaissait par cœur. Ils nous faisaient lire des livres d’histoire russe, on écoutait une radio russe à longueur de journée, ils voulaient nous russifier", assure Vladyslav Zadorin.

Même après sa sortie de prison, obtenue grâce à un échange de prisonniers, "l'enfer" ne s'est pas terminé pour le soldat. Il souffrait d'un traumatisme crânien et a du subir une opération de la vésicule biliaire et l'amputation de deux orteils. Quant à ses nuits, elles sont toujours hantées par son passage derrière les barreaux. "Dans mes rêves, je vois la guerre, j’entends la prison".

Emilie Roussey