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"Je ne leur fais pas du tout confiance": à la frontière biélorusse, les Ukrainiens se méfient de l'accalmie russe

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Après une escalade des tensions ces dernières semaines, la Russie a annoncé mardi qu'elle retirait une partie de ses troupes massées aux frontières de l'Ukraine.

L'annonce du retrait d'une partie des troupes russes aux frontières ukrainiennes mardi ne tranquillise pas pour autant Kiev, ni les pays occidentaux. En tout, plus de 100.000 soldats s'étaient massés aux frontières de l'Ukraine ces derniers jours, avant ce qui ressemble à un début de désescalade mardi.

Le président russe a confirmé ce "retrait partiel" mardi, mais la Russie poursuit par ailleurs d'importantes manoeuvres en Biélorussie, voisin prorusse de l'Ukraine. La frontière entre l'Ukraine et la Biélorussie est stratégiquement intéressante car elle est très proche de la capitale ukrainienne de Kiev, dont elle est notamment séparée par le no man's land de Tchernobyl.

"Je ne leur fais pas du tout confiance"

Pour un militaire ukrainien, posté à cette frontière, le retrait des troupes russes n'est pas certain et il faut rester sur ses gardes. Les Russes "ont déjà dit ça par le passé, mais je ne leur fais pas du tout confiance" déclare-t-il à BFMTV. "On essaye d'avoir des informations via les camionneurs biélorusses, mais ils ne voient pas grand-chose".

"Moi que les Russes soient partis franchement je n'y crois pas une seule seconde", déclare une habitante d'Ivankiv, ville ukrainienne proche de la frontière biélorusse.

À 80 ans, Iouri Mykhaïline, retraité, ne semble pas plus confiant, et raconte même à l'AFP qu'il compte s'engager dans la défense territoriale de Kiev en dépit de l'annonce de retrait Moscou.

"Je veux protéger ma famille, mes enfants et mes petits-enfants", explique-t-il en essuyant des larmes.

"Poutine ne va pas nous attaquer, il n'est pas idiot"

D'autres en revanche déclarent ne pas croire à une invasion de la Russie. "Je suis sûr qu'il n'y aura pas la guerre, Poutine ne va pas nous attaquer, il n'est pas idiot, il ne va pas se mettre tous les pays à dos", déclare à BFMTV Vladimir, âgé de 85 ans.

"S'il le fait, il doit savoir que tous les enfants de ce pays prendront les armes".

Certains Ukrainiens n'ont en effet pas cédé à l'alarmisme diffusé par les pays occidentaux ces derniers jours, notamment les États-Unis, qui ont assuré à plusieurs reprises que l'invasion de la Russie était "imminente".

Washington et Paris ne sont, de leur côté, pas entièrement convaincus par les annonces de Moscou mardi, et demandent à la Russie des preuves de son retrait militaire. L'Élysée a ainsi parlé d'un "premier signal encourageant" mais "fragile".

Pour rappel, depuis l'annexion de la Crimée en 2014, l'armée ukrainienne affronte les séparatistes prorusses soutenus par Moscou dans l'Est, un conflit qui a fait plus de 14.000 morts et 1,5 millions de déplacés.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV