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Ukraine: en pleine montée des tensions, la Russie retire une partie de ses troupes

Des militaires ukrainiens s'entraînent  près de TCherniguiv, dans le nord de l'Ukraine, le 12 février 2022. Photo fournie par l'armée ukrainienne

Des militaires ukrainiens s'entraînent près de TCherniguiv, dans le nord de l'Ukraine, le 12 février 2022. Photo fournie par l'armée ukrainienne - STR © 2019 AFP

Après des semaines de tensions, une désescalade semble se dessiner en Ukraine, alors qu'une partie des troupes russes a quitté la frontière ce mardi.

Y a-t-il encore une chance d'éviter une guerre en Ukraine? Après l'escalade des tensions ces derniers jours, des forces russes déployées depuis des semaines près de la frontière ukrainienne ont commencé à retourner dans leurs garnisons, a annoncé ce mardi le ministère de la Défense russe, alors que les Occidentaux craignaient une opération militaire imminente.

Des médias avaient auparavant évoqué la date du mercredi 16 février comme jour potentiel d'une invasion russe. "La Russie lancera une agression physique contre l'Ukraine dès le 16 février", écrivait ainsi vendredi le site américain Politico, sourcant plusieurs responsables américains.

"Une action militaire pourrait intervenir n'importe quand"

Les États-Unis ont estimé lundi que Vladimir Poutine n'avait pas pris sa "décision finale" sur le déclenchement d'une invasion, mais dans un contexte de tensions accrues, Washington avait toutefois souligné que Moscou avait encore renforcé pendant le week-end ses capacités militaires aux frontières de l'Ukraine, où plus de 100.000 soldats sont massés depuis des semaines.

Face à l'"accélération spectaculaire" du déploiement de forces russes, les États-Unis avaient même décidé de déplacer leur ambassade en Ukraine de Kiev à Lviv, dans l'ouest du pays, et ont appelé leurs ressortissants à quitter l'Ukraine, ce qu'a également fait le Royaume-Uni.

"Une action militaire pourrait intervenir n'importe quand", a dit le porte-parole du Pentagone, John Kirby. Son homologue au département d'État, Ned Price, a lui souligné que les États-Unis ne constataient "aucun signe concret de désescalade" à la frontière russo-ukrainienne.

Pour sa part, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a estimé lundi que "tous les éléments" étaient réunis pour une offensive militaire "forte" de la Russie. Mais "rien n'indique aujourd'hui" que le président Poutine ait pris une décision, a-t-il ajouté. Et la tournure des évènements mardi matin semble en effet pencher vers une désescalade, avec un départ d'une partie des troupes russes postées autour de l'Ukraine.

"Les unités des districts militaires du Sud et de l'Ouest qui ont achevé leurs tâches, ont déjà commencé à procéder au chargement sur les moyens de transports ferroviaires et routiers et commenceront à retourner vers leurs garnisons aujourd'hui", a annoncé le porte-parole du ministère, Igor Konachenkov, cité par les agences de presse russes.

La réussite des négociations?

"Il reste une opportunité cruciale pour la diplomatie", avait souligné le Premier ministre britannique Boris Johnson et le président américain Joe Biden qui se sont entretenus lundi par téléphone.

Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est rendu à Moscou ce mardi, au lendemain d'un déplacement à Kiev. Depuis la capitale ukrainienne, Olaf Scholz a exhorté la Russie à saisir les "offres de dialogue" pour désamorcer la crise, tout en menaçant de prendre des mesures qui "auront des répercussions importantes" sur l'économie russe en cas d'attaque.

Difficile pour l'instant de connaître les raisons qui ont amené la Russie à rappeler une partie de ses troupes, mais pour le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba ce mardi, l'Ukraine et les Occidentaux ont réussi à empêcher une "escalade" russe.

"Ensemble avec nos partenaires, nous avons réussi à empêcher toute nouvelle escalade de la part de la Russie", a déclaré le ministre.

"Il y a toujours une chance"

Lundi, Moscou avait aussi jugé possible un règlement diplomatique de la crise russo-occidentale et annoncé la fin de certaines manoeuvres militaires.

"Il y a toujours une chance", avait ainsi déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, répondant à une question de Vladimir Poutine, selon des images diffusées à la télévision russe. D'après l'ambassadeur russe auprès de l'UE, Vladimir Tchijov, son pays "n'envahira pas l'Ukraine sauf si on nous provoque".

"Nos possibilités sont loin d'être épuisées", avait poursuivi le ministre, proposant même de "prolonger et d'élargir" le dialogue, des remarques bien moins offensives que celles qui ont émané de Moscou ces dernières semaines. "Bien", lui avait laconiquement répondu le président russe.

Il n'y a "pas d'alternative à la diplomatie", a de son côté insisté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres mardi.

L'adhésion à l'OTAN en jeu

La Russie, qui a déjà annexé la Crimée en 2014 et soutient des séparatistes prorusses dans l'Est de l'Ukraine, a constamment nié toute intention agressive. Elle se dit à l'inverse menacée par l'expansion des moyens de l'Otan en Europe de l'Est et réclame des "garanties de sécurité", notamment l'assurance que l'Ukraine n'adhérera jamais à l'Otan.

Au risque d'irriter le Kremlin, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réitéré lundi que Kiev voulait rejoindre l'Otan afin de "garantir sa sécurité". Les Occidentaux ont jugé les demandes russes inacceptables, mais ont proposé un dialogue accru sur d'autres sujets, comme la limitation des armements. Et lundi, Sergueï Lavrov a jugé "constructives" certaines des propositions américaines.

En attendant la fin officielle de cet épisode militaire, dans le sud-est de l'Ukraine, à proximité de la ligne de front avec des séparatistes prorusses, la population se mobilise dans la perspective d'une attaque. À Kiev, aucun signe de panique n'était visible pour l'heure.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon avec AFP Journaliste BFMTV