Ce que l'on sait de l'attaque qui a visé le pont de Kertch, qui relie la Crimée à la Russie

Le pont de Kertch - Image d'illustration - Alexey NIKOLSKY / AFP
Une "situation d'urgence." Dans la nuit de dimanche à lundi, la circulation a été interrompue sur le pont de Kertch, cette gigantesque infrastructure qui relie la Crimée annexée à la région russe de Krasnodar, après un sinistre dont la nature n'est pas exactement connue.
• Un incident flou
Que s'est-il passé sur ce pont de Crimée? Sur Telegram, le gouverneur russe de la péninsule annexée, Sergueï Aksionov, indique que "l'incident" à l'origine de la destruction partielle du pont s'est produit "dans la zone du 145e pilier depuis le territoire de Krasnodar."
Conséquence de la fermeture du pont à la circulation, un embouteillage s'est formé à son entrée mais sa longueur s'est réduite pour atteindre 3 kilomètres, a affirmé l'agence de presse publique RIA Novosti tôt lundi, rapportant des informations des autorités du territoire de Krasnodar, sans préciser de quelle entrée il s'agissait.
Un centre de coordination a été mis en place au sein d'un ministère de Crimée et des enquêteurs se rendent sur place, a rapporté l'agence publique russe TASS, citant les autorités locales.
Selon Vladimir Poutine, une fille a été blessée et ses deux parents tués dans cette attaque. "La famille se rendait en Crimée depuis la région (russe) de Belgorod", a indiqué le président. Cette information n'a pour l'heure pas pu être vérifiée.
• Une revendication de Kiev?
Quelques heures après l'incident, la Russie a accusé, comme elle le fait invariablement pour chaque incursion ou attaque contre son territoire, l'Ukraine d'avoir mené une attaque contre le pont.
Dans la foulée, une source au sein des services ukrainiens de sécurité (SBU) a confirmé à l'AFP que les services spéciaux ukrainiens et les forces navales étaient bien à l'origine de l'attaque, réalisée à l'aide de drones.
"L'attaque d'aujourd'hui contre le pont de Crimée est une opération spéciale du SBU et de la marine", a indiqué cette source à l'AFP, précisant que "le pont a été attaqué à l'aide de drones navals".
Sur BFMTV ce lundi, le ministre ukrainien des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba, en déplacement à New York, a affirmé ne pas avoir "accès à des informations classifiées". "Ce pont est une infrastructure illégale. Il a été construit par la Russie en violation du droit internaitonal, à la suite de l'annexion illégale de la Crimée par la Russie", a-t-il souligné.
Mais, faute de communication officielle de l'administration ukrainienne, cette affirmation ne peut être confirmée.
• Vladimir Poutine dénonce un "acte terroriste"
En début de soirée lundi, le président russe Vladimir Poutine a quant à lui demandé de renforcer les mesures de sécurité sur le pont de Crimée et a dénoncé un "acte terroriste".
"Étant donné qu'il s'agit de la deuxième attaque terroriste sur le pont de Crimée, j'attends des propositions concrètes pour améliorer la sécurité de cette infrastructure de transport importante et stratégique", a déclaré le président russe lors d'une réunion gouvernementale retransmise à la télévision.
Le chef du Kremlin a par ailleurs promis une "réponse" russe. "Il y aura bien sûr une réponse de la Russie. Le ministère de la Défense prépare des propositions appropriées", a-t-il ajouté.
• Un pont symbolique
Ce n'est pas la première fois que le pont de Kertch est pris pour cible en marge de l'invasion russe en Ukraine. Inauguré en 2018, quatre ans après l'annexion de la péninsule de Crimée par la Russie, il est devenu le symbole du rattachement de la région à Moscou, et à l'inverse une provocation pour le régime de Kiev.
En octobre 2022, une vaste explosion a déjà touché l'infrastructure, provoquant de nombreux dégâts sur le pont. De nouveau, une enquête avait été lancée par les autorités russes qui de nouveau avaient accusé l'Ukraine. De son côté, Kiev avait toujours nié être à l'origine de l'explosion.