"Si je pars au Japon, je ne reviendrai pas": Paul Watson s'exprime depuis sa prison au Groenland

Le militant écologiste Paul Watson à son arrivée au tribunal à Nuuk, au Groenland, le 2 octobre 2024 - Leiff Josefsen / AFP
Le 2 décembre dernier, le capitaine Paul Watson, fondateur de l'ONG Sea Shepherd qui œuvre pour la protection des écosystèmes marins et leur biodiversité, fêtait ses 74 ans. Et c'est derrière les barreaux de sa cellule, dans la prison de Nuuk, au Groenland, que le militant écologiste a soufflé ses bougies.
À cette occasion, le journaliste de Vakita Hugo Clément s'est rendu sur place afin de réaliser une interview filmée de Paul Watson. Dans le document, ce dernier lui confie craindre de ne plus voir sa famille s'il devait être effectivement extradé vers le Japon ; pays qui accuse Paul Watson de "conspiration d'abordage" et d'avoir voulu perturber l'activité de ses baleiniers en 2011.
Le Japon avait demandé à Interpol, en 2012, d'émettre une "notice rouge" à l'encontre de Paul Watson. C'est en vertu de celle-ci que le capitaine avait été arrêté près du Groenland et placé en détention, le 21 juillet dernier.
Au mois d'octobre, dans une lettre directement adressée à Emmanuel Macron, Paul Watson a demandé l'asile politique en France. Une demande qui n'a pas encore été tranchée par Paris.
Depuis, l'homme attend de savoir ce qu'il adviendra de son cas et craint de devoir se rendre au Japon où il ne pourra plus, au regard du régime de privation de liberté du pays, voir sa famille.
"Je ne vais pas m'excuser"
S'il semble éprouvé, il ne baisse pourtant pas les bras. "Je n'avouerai rien de ce dont ils m'accusent", martèle Paul Watson - malgré les difficultés rencontrées et une détention qui s'éternise - accusant le Japon de perpétuer des "crimes" en mer en autorisant la chasse aux baleines. Une activité commerciale comme une autre dans cette région d'Asie de l'Est, l'un des trois derniers pays au monde, selon l'AFP, à pratiquer ce type de pêche.
"Je ne vais pas me sentir coupable, je ne vais pas m'excuser et je ne vais pas dire que je suis désolé pour quoi que ce soit que j'ai pu faire, car je n'ai absolument aucune excuse à donner pour avoir agi contre leurs activités illégales", confie Paul Watson.
"Je ne verrai plus ma famille"
Lorsqu'il évoque sa future extradition au Japon, Paul Watson ne laisse aucune place à la "peur" et assure que sa détention ne marquera en rien la fin de son engagement pour la planète et aura probablement pour conséquence de renforcer celui d'autres militants comme lui.
Ce qui le tourmente, en revanche, c'est l'impossibilité pour lui de bénéficier, une fois emprisonné dans l'État insulaire, de contacts privilégiés avec ses proches.
À Nukk, Paul Watson ne peut téléphoner à ses enfants et son épouse qu'une fois par semaine, durant 10 minutes. "Une chance", malgré tout, pour le capitaine qui ne doute pas que les autorités nippones lui feront payer ses actions dans l'Antarctique en le privant, à l'avenir, de sa famille. "Si je vais au Japon, je ne reviendrai pas et je ne verrai plus ma famille", ajoute-t-il.
Peu importe ce que lui réserve l'avenir, Paul Watson estime qu'il laissera derrière lui un "héritage". Les actions, la "passion", "l'imagination" et le "courage" inspireront, il le garantit, les générations à venir et obligeront les États à prendre leurs responsabilités en interdisant la chasse aux baleines.
Le 18 décembre prochain, Paul Watson devrait être fixé sur son éventuelle extradition au Japon et sur les conditions de celles-ci.