Japon: à Fukushima, trois ans après, toujours autant d'incidents

C'était il y a tout juste trois ans. Le 11 mars 2013, le monde entier se réveille avec cette terrible nouvelle: un séisme d'intensité 9 s'est produit à 130 kilomètres au large du Japon et a provoqué un important tsunami.
Noyée sous la vague, la centrale nucléaire de Fukushima, Daiichi, lâche. Ses systèmes de refroidissement tombent en panne. La catastrophe nucléaire est classée au niveau 6 sur 7. Quatre des six réacteurs nucléaires ont été fortement endommagés. Dans toutes les mémoires un même souvenir se réveille, celui de la catastrophe de Tchernobyl.
Trois ans plus tard, les communiqués de la compagnie qui gère la centrale accidentée, Tepco, se succèdent pour annoncer des fuites, des pannes et autres niveaux records de radioactivité. 1.200 réservoirs ont été construits sur place pour contenir 450.000 tonnes de liquide radioactif.
Pas de solution avant "des dizaines d'années"
Pourtant, une grande quantité d'éléments radioactifs continue de se répandre dans l'air, le sol et les eaux de la zone. Au point qu'en septembre dernier, le Premier ministre japonais - qui a renoncé à l'objectif du "zéro nucléaire" - a dû hausser le ton contre la compagnie.
En juillet 2013, Tepco admet pour la première fois que de l'eau s'est échappée dans l'océan. Le 20 août suivant, ce sont pas moins de 300 tonnes d'eau contaminée qui fuient d'un réservoir. Un événement que l'autorité de régulation nucléaire du Japon qualifie d'"incident grave".
Au mois de décembre dernier, on apprend qu'une nouvelle défaillance du circuit de décontamination est survenue. Moins d'un mois plus tard, alors qu'on déplore un retard important dans les opérations de décontamination, on apprend que des SDF sous-payés sont employés pour nettoyer le site. Entre 3.000 et 4.000 personnes s'y rendent tous les jours pour continuer à déblayer.
Au coeur de la "zone interdite", un reporter de BFMTV dévoile dimanche 9 mars dernier "l'un des endroits les plus effrayants de cette zone rouge". "Des milliers de sacs qui sont entreposés à l'air libre", contiennent "des matières qui sont encore parfois très radioactives", comme de la terre et des cailloux. Or, "personne ne sait ce que vont devenir ces sacs noirs dans les prochaines dizaines d'années", déplore-t-il.
Il ne s'agit là que d'exemples parmi d'autres. Il faudra entre 30 et 40 ans pour démanteler les quatre réacteurs les plus endommagés. La catastrophe de Fukushima a fait 15.884 morts et 2.636 disparus. D'après des chiffres officiels et de la police, 1.656 personnes sont décédées depuis de stress et de complications de santé.