Appels à la retenue, inquiétude... L'ombre d'une guerre entre l'Inde et le Pakistan inquiète la diplomatie mondiale

Des patrouilles de l'armée indienne en route vers Hapatnar dans le district d'Anantnag, au sud du Cachemire, le 29 avril 2025. - TAUSEEF MUSTAFA
Rarement la tension entre l'Inde et le Pakistan n'avait été aussi forte ces deux dernières années. La raison: l'attentat qui a tué au moins 26 personnes près d'un site touristique à Pahalgam, en Inde, le 22 avril dernier, le plus meurtrier contre des civils dans la région depuis 2000.
New Delhi a imputé à Islamabad la responsabilité de cette attaque mais le Pakistan a aussitôt démenti toute implication et a réclamé une "enquête neutre".
Des échanges de tirs
Depuis la partition meurtrière en 1947 à leur indépendance, les deux pays se disputent la souveraineté de tout le Cachemire, à majorité musulmane, région ultra-militarisée et divisée entre les deux pays. Dans la partie indienne, une rébellion séparatiste a fait plusieurs dizaines de milliers de victimes depuis 1989. New Delhi y a déployé quelque 500.000 soldats.
Preuve de la gravité de la situation, le Premier ministre indien Narendra Modi a assuré que son armée disposait de la "liberté opérationnelle" pour répondre comme elle le souhaite à cet attentat.
Les deux puissances nucléaires sont depuis sur le pied de guerre ces derniers jours. Leurs gouvernements ont multiplié les sanctions diplomatiques réciproques et leurs ressortissants ont été priés de quitter le territoire du voisin au plus tard ce mardi.
Depuis plusieurs nuits, des échanges de tirs d'armes légères opposent soldats pakistanais et indiens le long de la "ligne de contrôle", la frontière de facto qui sépare le Cachemire entre l'Inde et le Pakistan, selon l'armée indienne.
Pékin demande à faire preuve de "retenue"
Ces tensions entre deux pays dotées de l'arme nucléaire inquiètent la diplomatie mondiale. Ce mardi, Washington dit "tendre la main aux deux parties". "Nous leur demandons, bien sûr, de ne pas aggraver la situation", a déclaré Tammy Bruce, porte-parole du secrétaire d'État américain Marco Rubio. Ce dernier doit s'entretenir prochainement avec ses homologues indien et pakistanais.
Pékin a aussi enjoint ce lundi New Delhi et Islamabad à faire preuve de "retenue" et "espère que les deux parties se rencontreront à mi-chemin, qu'elles géreront correctement leurs divergences par le dialogue et la consultation", selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Guo Jiakun. Ce dernier a partagé son souhait que l'Inde et le Pakistan "maintiennent conjointement la paix et la stabilité régionales".
Autre pays à appeler au calme, la Turquie qui "souhaite que les tensions croissantes entre le Pakistan et l'Inde soient désamorcées dès que possible, avant qu'elles n'évoluent vers une situation plus grave", selon les termes de son président Recep Tayyip Erdogan.
L'ONU en médiateur?
De son côté, le secrétaire général de l'ONU s'est entretenu ce mardi séparément par téléphone avec le Premier ministre pakistanais et le ministre indien des Affaires étrangères, les appelant à "éviter" la confrontation, a indiqué son porte-parole.
Antonio Guterres a "exprimé sa profonde inquiétude concernant la montée des tensions entre l'Inde et le Pakistan, et souligné la nécessité d'éviter une confrontation qui pourrait conduire à des conséquences tragiques", a déclaré Stéphane Dujarric.
"Les attaques contre des civils sont inacceptables dans n'importe quelles circonstances", a ajouté Antonio Guterres.
Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif l'a exhorté de "conseiller à l'Inde" de faire preuve de "retenue" dans la région contestée du Cachemire, "tout en soulignant que le Pakistan défendra sa souveraineté et son intégrité territoriale de toutes ses forces en cas d'initiative malheureuse de l'Inde".
"Le Premier ministre a encouragé le secrétaire général de l'ONU à conseiller à l'Inde d'agir de manière responsable et de faire preuve de retenue", a détaillé le bureau du Premier ministre.
Les pays européens se sont montrés plus discrets sur la montée des tensions. Plusieurs d'entre eux avaient réagi au lendemain de l'attentat. Par exemple, le Premier ministre britannique Keir Starmer s'était dit "horrifié".
De son côté, Emmanuel Macron avait qualifié "d'infâme" l'attentat au Cachemire, avant de s'entretenir avec le Premier ministre indien. Le chef de l'État a déclaré que "le peuple indien peut compter sur la solidarité et l'amitié de la France".
Des mots de soutien qui interviennent au moment où l'Inde a confirmé sa commande de 26 avions Rafale Marine à la France via un contrat d'un montant de 6,5 milliards d'euros.