Trump veut déployer l'armée à la frontière mexicaine pour lutter contre l'immigration

Donald Trump, le 3 avril 2018. - Olivier Douliery - AFP
Dans l'attente du mur, la solution militaire. Le président américain Donald Trump a assuré mardi qu'il enverrait des soldats protéger la frontière sud des Etats-Unis, rendue poreuse selon lui par le laxisme des autorités mexicaines et les décisions de son prédécesseur, Barack Obama.
"Jusqu'à ce que nous ayons un mur et une sécurité adéquate, nous allons protéger notre frontière avec notre armée, c'est un grand pas", a déclaré Donald Trump en marge d'une rencontre avec les trois dirigeants des pays baltes à la Maison Blanche.
"Stratégie vigoureuse" face à la "menace"
L'ambassadeur du Mexique aux Etats-Unis, Geronimo Gutiérrez, a immédiatement fait savoir qu'il avait demandé des explications aux autorités américaines. "Le gouvernement mexicain décidera de sa réponse en fonction de cette clarification et défendra toujours notre souveraineté et notre intérêt national", a ajouté plus tard Luis Videgaray, ministre mexicain des Affaires étrangères, sur Twitter.
La Maison Blanche a expliqué dans la soirée que Donald Trump "a été informé la semaine dernière par de hauts responsables de l'administration sur le flux croissant d'immigration illégale, de drogues et de membres violents de gangs venant d'Amérique centrale".
Lors de cette réunion, avec notamment ses ministres de la Défense, de la Sécurité intérieure et de la Justice, "il a exigé une stratégie vigoureuse de son administration pour faire face à cette menace et protéger la sécurité de l'Amérique".
"Aujourd'hui, il a tenu une réunion de suivi pour évoquer la stratégie de son administration, qui inclut la mobilisation de la Garde nationale", poursuit la Maison Blanche dans un communiqué.
L'armée est déjà intervenue récemment à la frontière
Corps de réserve de l'armée américaine, la Garde nationale est intervenue à la frontière en 2010, sur ordre de Barack Obama, ainsi qu'en 2006-2008 sous George W. Bush. Selon une loi de 1878, l'armée ne peut généralement pas intervenir sur le territoire américain dans un but pur de maintien de l'ordre ou d'application des lois; mais elle peut jouer un rôle d'assistance et de soutien, notamment pour contrôler la frontière.
Donald Trump fait monter la pression depuis ce week-end sur le Mexique et le Congrès américain pour qu'ils agissent chacun afin d'empêcher l'arrivée de clandestins aux Etats-Unis -un regain d'intérêt déclenché par les images d'une caravane de migrants d'Amérique centrale, principalement Honduriens, déterminés à rejoindre les Etats-Unis et se trouvant pour l'instant dans le sud du Mexique. Ils ne sont qu'un millier environ, mais ont déjà provoqué plusieurs tweets du milliardaire, estimant qu'il revient au Mexique de les arrêter.
Affaiblir les droits des réfugiés
Mardi, Donald Trump a en outre accusé Barack Obama d'avoir "fait des changements ayant tout simplement conduit à une absence de frontière". Ce n'est pas la première qu'il accuse le président démocrate de laxisme dans l'application des lois migratoires.
L'actuel président veut aussi que le Congrès affaiblisse les droits des réfugiés et des migrants. Le républicain se plaint de la pratique consistant à relâcher les clandestins interpellés, le temps d'attendre leur comparution devant un tribunal, ce qui peut prendre des mois voire des années.
"Nous avons besoin d'un mur qui mesure 1.100/1.300 kilomètres" le long de la frontière, a-t-il conclu. Actuellement, seules quelques centaines de kilomètres de la frontière de 3.200 km sont sécurisées par une forme ou une autre de clôture. Mais le Congrès a jusqu'à présent refusé de dégager les crédits nécessaires à l'érection du grand mur en béton voulu par le milliardaire.