Pourquoi la décision de Trump d'organiser le prochain G7 dans l'un de ses golfs suscite l'indignation

Donald Trump lors d'un meeting à Dallas le 17 octobre, au Texas, intitulé "Keep America Great", en vue des élections présidentielles de 2020. - Tom Pennington / Getty Images North America / AFP
Donald Trump l'avait laissé entendre, la Maison Blanche l'a confirmé ce jeudi, provoquant une vague d'indignation: le prochain sommet du G7 aura lieu dans un des clubs de golf du président américain, en Floride. Le Trump National Doral Club, à Miami, accueillera donc, du 10 au 12 juin 2020, ce grand rendez-vous annuel qui rassemble les dirigeants des sept pays les plus industrialisés de la planète.
Le "meilleur" endroit possible pour le G7 ?
"Nous sommes absolument convaincus que c'est le meilleur endroit pour l'organiser", a affirmé jeudi Mick Mulvaney, chef de cabinet de la Maison Blanche, au risque d'alimenter les accusations - déjà nourries - sur les conflits d'intérêts de l'ancien magnat de l'immobilier. Face à l'avalanche de questions suscitées par ce choix, Mick Mulvaney a assuré qu'il était le résultat d'un processus rigoureux et que 12 sites différents avaient été considérés. "Il y aura toujours des gens qui n'accepteront pas l'idée que cela se passe dans une propriété Trump. Nous en sommes conscients, mais nous irons là-bas malgré tout", a-t-il martelé lors d'un point presse.
Si le chef de cabinet de Donald Trump assure que la décision a été prise avec les "mêmes critères" que les précédentes administrations, il a affirmé n'être "absolument pas" prêt à rendre public les documents ayant permis d'aboutir à ce choix. De son côté, la Trump Organization s'est dite "honorée" d'avoir été choisie par...Donald Trump.
"Trump Organization": corruption et conflit d'intérêt
L'annonce a suscité de très vives réactions à Washington, parmi les élus comme dans la société civile. Jerry Nadler, président démocrate de la commission judiciaire à la Chambre des représentants s'est dit scandalisé, voyant dans cette décision "un exemples éhonté de la corruption du président".
"Nos pères fondateurs doivent se retourner dans leur tombe", a tonné le sénateur démocrate Richard Blumenthal. "Ce n'est pas simplement un conflit d'intérêts, c'est anticonstitutionnel" a-t-il rajouté, faisant référence comme de nombreux membres de l'opposition à la constitution qui interdit au Président de recevoir des cadeaux ou des paiements de la part de gouvernements étrangers. "Personne n'est au-dessus de la loi" a commenté Nancy Pelosi, leader du camp des démocrates.
"C'est à peine croyable", a réagi l'ONG Citizens for Responsibility and Ethics, qui se concentre sur les conflits d'intérêts dans la classe politique américaine.
"Il n'y a plus aucun doute: le gouvernement américain est utilisé comme une filiale de relations publiques et de marketing de la Trump Organization."
Suggérée à Biarritz, l'idée était déjà contestée
A l'occasion du dernier sommet du G7, organisé cet été par la France à Biarritz, Donald Trump avait lui-même défendu sans complexe ce scénario inédit. "C'est un endroit formidable!", avait-il expliqué. "Il a une superficie considérable, plusieurs centaines d'hectares, donc nous pouvons gérer tout événement sur place (...) Il se trouve juste à côté de l'aéroport."
Le président américain avait, à cette occasion, balayé d'un revers de manches les questions juridiques ou éthiques. "Je ne vais pas en tirer d'argent du tout", avait-il assuré. "Je m'en fiche de faire de l'argent." "Cela me coûtera probablement quelque chose comme entre trois et cinq milliards de dollars d'être président", avait-il renchéri, sans la moindre explication sur les éléments qui lui auraient permis d'arriver à ce chiffre.
Au-delà du choix de l'hôtel, le chef de cabinet de la Maison Blanche ne s'est pas attardé sur les priorités qui seraient mises en avant par les Etats-Unis lors de cette rencontre. "Le changement climatique ne sera pas au programme", a-t-il simplement lâché, sûr de son fait, en réponse à une question sur ce thème.
Donald Trump est le seul dirigeant de la planète à avoir retiré son pays de l'accord de Paris sur le climat visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et enrayer l'emballement du changement climatique. Durant le G7 à Biarritz, les incendies gigantesques qui ravageaient l'Amazonie avaient occupé une partie des débats, tout comme le réchauffement climatique.