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Amérique du Nord

Les médias américains cherchent l'auteur de la tribune du New York Times

Une réunion du cabinet présidentiel, le 16 août 2018 à la Maison Blanche.

Une réunion du cabinet présidentiel, le 16 août 2018 à la Maison Blanche. - Mandel Ngan - AFP

L'identité de l'auteur de la tribune anti-Trump dans le New York Times est un secret bien gardé par la rubrique "Opinions" du quotidien américain.

Qui se cache derrière la tribune du New York Times? Publié sous couvert d'anonymat, le texte attribué à un haut responsable de la Maison Blanche critique vertement l'action et le comportement de Donald Trump, mais veut assurer à ses concitoyens qu'une "résistance" s'emploie à "guider l'administration dans la bonne direction".

Une chose est sûre: l'auteur(e) du texte, qui se dit républicain et en accord avec la politique gouvernementale, risque gros à s'exprimer d'une telle manière, d'où le choix de l'anonymat. James Bennett, chef de la rubrique Opinions du prestigieux quotidien américain, explique à Vanity Fair avoir déjà recouru à de tels procédés pour des immigrés craignant d'être expulsés, ou une personne témoignant depuis la Syrie et craignant pour sa vie. Mais pour un officiel qui dézingue le président des Etats-Unis: jamais.

De Melania Trump au chef de cabinet John Kelly, en passant par la conseillère Kellyanne Conway ou le garde des Sceaux Jeff Sessions, les spéculations vont bon train dans les médias américains et sur les réseaux sociaux.

L'énigme lodestar

Un mot a notamment retenu l'attention de certains lecteurs: lodestar, qui peut à la fois signifier "étoile polaire", "guide" ou "point de repère". "Nous n'avons plus John McCain parmi nous. Mais nous aurons toujours son exemple - une lumière nous guidant pour redorer la vie publique et le dialogue national", peut-on lire dans la tribune.

Le mot lodestar n'est pas très courant, hormis dans la bouche de… Mike Pence, a relevé un journaliste de Buzzfeed.

Un autre journaliste a noté l'emploi du mot dans le même paragraphe que le sénateur John McCain, mort le 25 août 2018, et estime que cela dénote des liens avec la chambre haute du Congrès. Le terme pourrait, bien sûr, avoir été sciemment intégré au texte pour égarer les curieux.

Plusieurs auteurs potentiels

CNN liste de son côté 13 personnes susceptibles d'avoir écrit la tribune. Mike Pence y figure aussi, aux côtés de figures un peu moins connues de ce côté-ci de l'Atlantique comme Don McGahn ou Dan Coats.

Le premier est un conseiller juridique de la Maison Blanche et compte partir à l'automne. Il s'est disputé à maintes reprises avec Donald Trump, rappelle la chaîne américaine, refusant notamment de limoger le procureur Robert Mueller, ancien directeur du FBI à la tête de l'enquête sur l'ingérence russe dans la campagne présidentielle.

Dan Coats, directeur du renseignement national, s'est lui déjà attiré les foudres du président américain pour avoir lancé "cela va être spécial" lorsqu'il a reçu Vladimir Poutine. Il est aussi resté droit dans ses bottes en affirmant que la Russie avait bien interféré avec l'élection américaine, contrairement au ton conciliant de son président avec le dirigeant russe.

CNN mentionne aussi James Mattis, secrétaire à la Défense, qui aurait dit à des collègues que Donald Trump "se comportait - et avait le niveau de compréhension - d'un CM2 ou d'un 6e". Des propos relayés par le livre à paraître le 11 septembre prochain de Bob Woodward, journaliste d'investigation ayant révélé le Watergate, et aussitôt niés par l'intéressé.

Un mystère même pour les journalistes du New York Times

L'identité de l'auteur de la tribune reste un mystère, même pour les journalistes du New York Times. La rubrique "Opinions", dans laquelle a été publié le texte, est la seule à la connaître. Ce qui met les enquêteurs du journal dans une situation ubuesque: ils se retrouvent à enquêter sur l'identité d'un homme protégée par un autre service de leur média.

"Il y aura beaucoup de critiques et je le comprends", a concédé le chef de la rubrique à Vanity Fair. "Notre rôle n'est pas de publier des tribunes pour prolonger telle ou telle dispute politique. Notre rôle est de publier des tribunes qui permettent au public de mieux comprendre ce qui se passe, et je pense que ce texte apporte une pierre significative à l'édifice", s'est-il justifié.

Liv Audigane