Trump admet avoir eu en tête l'affaire avec la Russie au moment de limoger le directeur du FBI

Donald Trump sur NBC, le 11 avril. - BFMTV
Le dossier russe a joué dans sa décision. Le président américain Donald Trump a admis jeudi qu'il avait demandé trois fois au directeur du FBI James Comey, qu'il a renvoyé mardi, s'il était visé par une enquête sur des liens avec la Russie, au risque d'alimenter des soupçons d'ingérence ou d'intimidation. "Je lui ai demandé", a dit le président américain lors d'une interview sur NBC, rapportant deux conversations téléphoniques.
La Russie en tête
"J'ai dit 'Si c'est possible, pouvez-vous me dire s'il y a une enquête sur moi?' Il a dit qu'il n'y avait pas d'enquête sur moi", a-t-il expliqué, en référence aux investigations en cours sur des liens entre des proches du président américain et la Russie durant la campagne électorale de 2016. Mais malgré ces assurances données par James Comey, Donald Trump a avoué qu'il avait l'affaire avec la Russie en tête quand il a pris la décision de le renvoyer.
"En fait quand je me suis décidé, je me suis dit: 'Ce truc avec la Russie, Trump et la Russie, c'est une histoire inventée'", a ainsi raconté le président.
"J'allais le limoger quelles que soient les recommandations"
Selon Donald Trump, les deux hommes en avaient parlé une première fois lors d'un "dîner très sympa". "Il voulait rester le chef du FBI et j'ai dit que j'y réfléchirai", a raconté le président républicain. "Et ce jour-là il m'a dit que je n'étais pas visé par une enquête, ce que je savais déjà de toute façon".
Le républicain a également expliqué qu'il avait de toute façon l'intention de limoger James Comey, prenant ses distances avec la version de la Maison Blanche selon laquelle il n'avait agi qu'après la recommandation du ministère de la Justice, mardi. "J'allais le limoger quelles que soient les recommandations", a-t-il affirmé. "C'est un hâbleur, un fanfaron".
Des aveux compromettants pour le président?
Du point de vue juridique, ces propos peuvent s'apparenter à des pressions du président sur le patron du FBI. Poser cette question "pourrait s'apparenter à une tentative de corruption (...) ou tout au moins d'une obstruction de la justice dans laquelle Comey aurait été idiot de tomber en offrant l'assurance" que Donald Trump n'était pas visé par l'enquête, explique la juriste Laurence Tribe.
Selon le New York Times, Donald Trump aurait demandé à James Comey une promesse de loyauté, lors d'un dîner une semaine après son entrée à la Maison Blanche. D'après le journal, qui cite deux associés de James Comey, ce dernier aurait refusé de donner un tel engagement, mais aurait assuré le président de son "honnêteté". Le quotidien new-yorkais n'était pas en mesure de dire si ce dîner était le même que celui évoqué par Donald Trump sur NBC.
La porte-parole de la présidence Sarah Huckabee Sanders, citée par le journal, aurait toutefois réfuté cette version, assurant que Donald Trump "n'a jamais suggéré qu'il attendait de la loyauté à sa personne, mais seulement envers notre pays et son grand peuple".
La Maison Blanche dans la tourmente depuis l'annonce du limogeage
Le FBI enquête depuis l'été dernier sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle américaine de 2016, et sur une éventuelle coordination entre des membres de l'équipe de campagne Trump et la Russie.
Depuis l'annonce du limogeage, mardi, la Maison Blanche peine à présenter avec clarté la séquence ayant conduit à l'éviction, rarissime, du chef du FBI, a fortiori alors qu'il supervisait de près une enquête très sensible sur le plan de la sécurité nationale.
Donald Trump avait dans un premier temps invoqué la gestion par James Comey de l'enquête sur les emails d'Hillary Clinton, sa rivale démocrate lors de la présidentielle, puis il avait accusé James Comey de ne pas faire du "bon travail" à la tête du FBI.