Présidentielle américaine: la chasse aux vice-présidents est ouverte

Ted Cruz et Carly Fiorina, le 27 avril, lors d'un meeting dans l'Indiana. Le candidat républicain ultraconservateur a été le premier à annoncer son choix de colistier pour cette présidentielle 2016. - Ty Wright - Getty Images North America - AFP
Quels seront les colistiers des candidats à la présidentielle américaine? A six mois du scrutin, et alors que la fin du processus d’élections primaires approche, la question commence à prendre de l’ampleur, chez les observateurs de la vie politique, aux Etats-Unis. Les spéculations vont bon train, autour de l’identité de ceux qui formeront les "tickets" démocrate et républicain, ces fameux duos formés par le candidat à la présidentielle et son vice-président, dans la dernière ligne droite de la campagne. Pour l'heure, seul le candidat républicain Ted Cruz a fait son choix.
Un ticket 100% féminin pour Hillary Clinton?
Du côté de la campagne d’Hillary Clinton, dont l’investiture pour représenter les démocrates ne fait aujourd’hui plus vraiment de doute, compte tenu de son avance sur son rival Bernie Sanders en termes de délégués (2.168 contre 1.401), les réflexions sur le choix du colistier, qui pourrait devenir le prochain vice-président, auraient d’ores et déjà commencé, à en croire la presse américaine.
Parmi les noms que l’on retrouve le plus, celui d’Elizabeth Warren, sénatrice démocrate du Massachusetts, qui n’a pourtant pas apporté son soutien à l’ex-secrétaire d’Etat dans la course à la Maison Blanche, rapporte le New York Times. Mais malgré la popularité de la sénatrice auprès des démocrates progressistes, un ticket 100% féminin n’est peut-être pas la meilleure stratégie à adopter pour Hillary Clinton.
D’autres noms, masculins, circulent par ailleurs, comme ceux des sénateurs Tim Kaine et Mark Warner, anciens gouverneurs de Virginie, ou celui du sénateur de l’Ohio Sherrod Brown, qui représente l’aile plus libérale du parti démocrate. Mais aussi l’ancien gouverneur du Massachusetts, Deval Patrick, un Afro-Américain, et Thomas E. Perez, secrétaire au Travail du président Barack Obama, et avocat des droits de la communauté hispanique.
Carly Fiorina de retour… aux côtés de Ted Cruz
La rumeur courait depuis quelques jours et a finalement été confirmée mercredi. Le candidat républicain ultraconservateur Ted Cruz a d’ores et déjà choisi son colistier. Il s’agit en l’occurrence d’une femme, et celle-ci n’est autre que Carly Fiorina, ancienne candidate à l’investiture républicaine, qui s’est retirée de la course en février, avant de rallier Ted Cruz en mars.
Celle qui fut directrice générale et présidente du conseil d’administration du groupe Hewlett-Packard s’était livrée à plusieurs passes d’armes avec Donald Trump au début de la campagne des primaires, répondant notamment à des attaques de l’homme d’affaires sur son physique.
Quel binôme pour Donald Trump?
La question du choix du colistier de Donald Trump est également dans toutes les têtes, alors que l’homme d’affaires pourrait remporter de justesse le nombre de délégués nécessaires pour l’investiture républicaine (1.237) grâce à son triomphe lors des cinq primaires de mardi, et éviter ainsi une convention nationale dite "contestée". Mais pour l’heure, le milliardaire n’a pas voulu donner de nom.
Ceux du gouverneur du New Jersey Chris Christie, qui a rallié Donald Trump après s’être retiré de la course à l'investiture, et de Marco Rubio, le sénateur de Floride, également ancien candidat et qui pourrait s’avérer être un soutien de poids pour le vote dans son Etat, circulent toutefois depuis plusieurs semaines. Le nom de Sarah Palin, l’ancienne gouverneur de l’Alaska et figure du Tea Party, qui avait apporté son soutien à Trump au début de l’année, a également fait couler beaucoup d'encre.
Mais selon certaines sources, le candidat républicain pourrait davantage s’orienter vers ses rivaux encore dans la course, Ted Cruz et John Kasich, pour rassurer un parti républicain divisé. Pas sûr toutefois que Donald Trump accepte de passer l’éponge sur l’alliance formée par ses deux adversaires pour le contrer.
L’ancien maire de New York, Rudy Giuliani, qui a apporté son soutien à Donald Trump au début du mois d’avril, a glissé quelques noms de personnalités politiques qui feraient selon lui de bons vice-présidents, lundi soir, sur Fox News. Outre le modéré John Kasich, dont il a vanté l’expérience, Rudy Giuliani a également glissé le nom de l’ancienne secrétaire d’Etat Condoleezza Rice.
Le vice-président, un choix hautement stratégique
Aux Etats-Unis, le vice-président a un rôle bien particulier. A l’image du président, il doit être un citoyen américain né sur le territoire des Etats-Unis, et y résider depuis au moins 14 ans. Il doit également être âgé d’au moins 35 ans.
Sa désignation est commune à celle du président: il est élu par le collège des grands électeurs (pour lesquels le peuple américain a voté), le même jour que le président américain. Mais malgré cette arrivée en binôme au pouvoir, le rôle du vice-président diffère en bien des points de celui de son supérieur. La Constitution américaine lui octroie d’ailleurs un rôle limité. Il est président du Sénat, mais la fonction est essentiellement honorifique, étant donné qu’il ne doit pas intervenir dans les débats de la Chambre haute. Et il ne dispose d’aucune fonction exécutive. Toutefois, son rôle peut varier d’un mandat présidentiel à l’autre.
Le vrai rôle du vice-président est présenté par le 25e amendement de la Constitution, qui stipule qu’il accède à la présidence des Etats-Unis en cas de décès ou de démission du président. Un scénario qui s’est produit à trois reprises: en 1945, lorsque Harry Truman a remplacé Franklin Roosevelt à sa mort, en 1963, lorsque Lyndon Johnson a pris la place de John F. Kennedy après son assassinat, et enfin en 1974 quand Gerald Ford a accédé au pouvoir après la démission de Richard Nixon.
Mais avant même que le ticket présidentiel ne remporte l’élection, le choix du colistier est souvent primordial, pour le candidat à la Maison-Blanche. Stratégiquement, le vice-président peut même s’avérer être décisif pour remporter des voix, si son profil vient compléter harmonieusement celui du candidat, par ses domaines de prédilection, son expérience, sa place au sein du parti, ou encore son âge et sa personnalité. D’où l’importance, pour les candidats, de prendre le temps d’étudier soigneusement ce choix crucial, dont l’annonce marque un tournant dans la campagne.