Présidentielle américaine: Barack Obama, l'heure de vérité

Ce n’est pas en promettant le changement qu’il a fait campagne cette année. Mais en vantant son bilan. - -
Barack Obama a finalement réussi, mardi, à remporter la course à la Maison Blanche et à rester 44e président des Etats-Unis. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance.
Confronté à une grave crise financière et économique, accusé sur sa droite d’avoir plombé le déficit américain (il s’élève à 1.000 milliards de dollars) et d'avoir laissé filer la dette (16.000 milliards de dollars), Barack Obama est également chahuté sur sa gauche pour avoir failli à ses promesses. C’est qu’il est le loin le temps où, en 2008, le monde occidental et les Etats-Unis découvraient émerveillés Barack Obama, jeune sénateur noir qui leur promettait le changement.
"Ce soir, il n’y a pas une Amérique libérale, une Amérique conservatrice, il n’y a pas une Amérique noire, une Amérique blanche, une Amérique latino et une Amérique asiatique, il y a les Etats-Unis d’Amérique", lançait-il en juillet 2004 à la tribune de la convention démocrate, devenant en quelques minutes la star montante du parti.
"Yes we can", clamait alors la foule, dans ses meetings. Croyant dans les promesses de changement. Quatre ans plus tard, son aura s’est ternie sur l’autel de la réalité et peut-être, aussi, sur un excès de confiance.
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Obama, fier de son bilan
Cette année, ce n’est donc pas en promettant le changement qu’il a fait campagne, mais en vantant son bilan. En assurant qu’il avait encore besoin de quatre ans pour achever ce qu’il avait commencé et notamment parfaire la mise en place de son Obamacare. Cette assurance maladie universelle, que les démocrates avaient essayé de mettre en place pendant plus d’un demi-siècle, notamment sous Clinton. Sans succès jusque-là.
Grâce à son maintien à la Maison Blanche, Barack Obama pourra aussi poursuivre, s’il arrive à convaincre les républicains majoritaires à la Chambre des représentants, dans la voie de la régulation de la finance. La mesure emblématique de la loi Dodd-Frank, qui vise à empêcher une trop grande prise de risque de la part des banques, est en effet toujours discutée au Congrès.
Romney, un adversaire limité
Il peut se vanter d’avoir conservé la présidence, malgré la crise qui a balayé tous les autres présidents occidentaux ces dernières années, de Nicolas Sarkozy à l’espagnol José Luis Zapatero, en passant par le britannique Gordon Brown.
Barack Obama peut surtout remercier Sandy. L’ouragan qui a dévasté la côte Est des Etats-Unis, le 30 octobre dernier, et remis en selle un président pourtant malmené par les sondages, après un premier débat calamiteux.
Il peut aussi remercier les républicains. Tiraillés par le Tea Party, cette frange très extrémiste, le Grand old party n’a pas fait une bonne campagne. Il faut dire que comparé à Obama et à son charisme, le mormon Mitt Romney, droit dans ses bottes, fait pâle figure. Sans parler de son CV de repreneur d’entreprises en difficulté, proche des milieux d’affaires et de Wall Street, et de sa fortune estimée à 250 millions de dollars (195 millions d’euros). Autant de données compliquées à assumer en période de crise, face à un président démocrate sortant ex-travailleur communautaire.
Les Américains ont donc donné quatre ans de plus à Barack Obama pour finir son travail et mettre en oeuvre le changement qu'il leurs avait promis en 2008. S'il n'aura pas les mains libres, la Chambre des représentants étant restée dans l'escarcelle des républicains, il devrait pouvoir s'appuyer sur une reprise attendue de l'économie américaine.
Vidéo : Fabien Crombé