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États-Unis

NSA: les Américains moquent les cris d'orfraie de la France

François Hollande et Barack Obama dans le bureau ovale de la Maison blanche à Washington, le 18 mai 2012.

François Hollande et Barack Obama dans le bureau ovale de la Maison blanche à Washington, le 18 mai 2012. - -

REVUE DE PRESSE - L'indignation française vis-à-vis des écoutes de la NSA sur des millions de communications de Français est étonnante de la part d'un pays qui surveille lui-même ses voisins, pointe mardi la presse internationale.

Sur un mois, l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) a effectué 70,3 millions d'enregistrements de données téléphoniques de Français. Le chiffre, révélé lundi par Le Monde sur la base de documents de l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden, a aussitôt suscité l’indignation de Paris. Une indignation moquée mardi par la presse américaine.

Après la convocation au Quai d'Orsay de l'ambassadeur américain, François Hollande lui-même n'a pas hésité à prendre son téléphone pour sermonner Barack Obama. Selon un communiqué de l'Elysée, le président français a demandé à ce que "toutes les explications soient fournies". Il a également tenu à exprimer à son homologue sa "profonde réprobation". Une indignation qui fait écho à celle du Premier ministre Jean-Marc Ayrault qui, lui, s’était dit "profondément choqué".

"Susciter l'adhésion publique"

Mardi, le magazine Foreign Policy ironise sur le fait que la surveillance américaine sur ses alliés "n'est pas un secret"… Et que, pourtant, les révélations de la NSA ont "surpris" les représentants "d'un des plus principaux bastions de l'espionnage". Hypocrite, la France? Le Wall Street Journal rappelle que Paris, via la DGSE, possède son "propre système d'écoute sophistiqué" et que, selon les hauts responsables du renseignement américain, elle est l'un des pays qu'ils surprennent souvent à espionner les Etats-Unis.

Pour Foreign policy, les Français connaissent bien la règle: "Je t’espionne, tu m’espionnes, c’est le jeu". Alors, pourquoi de tels cris d’orfraie? Pour le magazine, il s’agit là d'une "réponse calibrée pour susciter l'adhésion publique", dans un pays où l'opinion s'est largement moins mobilisée qu’en Allemagne sur l'espionnage de la NSA après les révélations d’Edward Snowden.

Le New York Times souligne également que "de nombreux observateurs suggèrent que le ton dur du gouvernement français fait seulement partie du théâtre politique", puisque "la France possède son propre programme de surveillance sur les Américains".

"Astérix" veut résister à l'envahisseur

En Allemagne, on raille également cette subite indignation des responsables français. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) veut voir dans la brusque réaction des autorités l'émergence d'un doute sur les intentions du "grand frère d’Outre-Atlantique". "L'énorme succès d'Astérix et Obélix témoigne" de la fierté de la France à conserver son indépendance, écrit le quotidien de Francfort, et l'espionnage massif de la NSA pourrait bien venir "saboter l'indépendance gauloise" et sa position à part dans l'Alliance atlantique.

Mathilde Tournier