Le président d'Harvard accepte une réduction de salaire pour pallier les gels de subvention de l'administration Trump

Le président de l'université Harvard, Alan Garber - Reuters
L'université de Harvard tente de renflouer ses caisses. Après le gel de plus de 2,2 milliards de dollars de financement fédéral par l'administration Trump, la prestigieuse université située à Boston annonce que son président, Alan Garber, a accepté une réduction de 25% de son salaire.
Selon le journal de l'université, Harvard Crimson, cette réduction de salaire sera mise en place du 1er juillet 2025 au 30 juin 2026. Si le montant du salaire du président n'a pas été dévoilé, le journal souligne que généralement ce poste implique un revenu de plus d'un million de dollars par an.
Alan Garber n'est pas le seul à s'être porté volontaire pour un effort financier. D'autres membres de la haute direction ont accepté une coupe budgétaire selon le porte-parole de Harvard, Jonathan Swain. Des dizaines de professeurs titulaires avaient également déclaré plus tôt dans le mois faire don de 10% de leur salaire, rappelle CBS News.
Des ressources financières mobilisées "pour soutenir les activités de recherche"
L'université la plus ancienne des États-Unis a également annoncé ce mercredi 14 mai avoir débloqué 250 millions de dollars afin de soutenir la recherche en son sein.
"Bien que nous ne puissions pas absorber la totalité du montant des fonds fédéraux suspendus ou annulés, nous mobiliserons des ressources financières pour soutenir les activités de recherche essentielles pendant une période de transition", ont expliqué son président Alan Garber et le doyen de la faculté, John Manning dans un communiqué.
Harvard et l'administration Trump ont entamé un bras de fer. Cette université, l'une des mieux classées au monde, s'est particulièrement attirée les foudres du président républicain en attaquant en justice le gel par son gouvernement des deux milliards de dollars de subventions fédérales. Un gel décidé après que l'institution a refusé de se plier à une série d'exigences de Donald Trump.
Le président américain, qui accuse l'université d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants et les programmes.
Donald Trump a dernièrement dépeint Harvard - devenue la principale cible d'une offensive plus large contre le système d'éducation américain - en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".
"Un terreau fertile pour la discrimination"
Mardi 13 mai, le groupe de travail sur l'antisémitisme de l'administration Trump a annoncé que huit agences fédérales américaines avaient "résilié environ 450 millions de dollars en subventions (supplémentaires) à Harvard", en accusant notamment l'université "d'avoir échoué" dans sa lutte contre "l'intimidation antisémite" sur son campus.
Ces 450 millions s'ajoutent aux 2,2 milliards de dollars de financement fédéral gelés le mois dernier. Le statut d'exonération fiscale de Harvard risque également d'être suspendu.
"Le campus de Harvard, autrefois symbole de prestige universitaire, est devenu un terreau fertile pour la vertu ostentatoire et la discrimination", a écrit ce groupe de travail dans une lettre adressée à Harvard. "Un sombre problème sévit sur le campus de Harvard, et en privilégiant l'apaisement à la responsabilité, les dirigeants de l'établissement ont renoncé à leur droit au soutien des contribuables", est-il ajouté.
En réponse, le directeur de l'institution, Alan Garber, a affirmé avoir pris des mesures pour s'assurer que les étudiants et le personnel juifs ou israéliens ne se sentent ni exclus, ni intimidés sur le campus, tout en soutenant que les mesures du gouvernement fédéral "sapent" et "menacent" la liberté académique.
"Harvard ne renoncera pas à ses principes de fondamentaux, protégés par les lois, juste par crainte de représailles sans fondements du gouvernement fédéral", a-t-il assuré.