L'attaque en Libye, un tournant dans les élections américaines ?

Le candidat républicain Mitt Romney pourrait bien profiter de l'attaque contre le consulat en Libye. - -
La flambée de violence antiaméricaine dans le monde musulman qui a coûté la vie à l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye ajoute une nouvelle inconnue à l'équation de la présidentielle du 6 novembre, sur un sujet périlleux pour Barack Obama comme pour Mitt Romney.
Le président américain a rapidement condamné les violences de mardi soir qui ont coûté la vie à l'ambassadeur Chris Stevens et utilisé le cadre solennel de la roseraie de la Maison Blanche pour promettre que les auteurs de cette attaque "scandaleuse" ne resteraient pas impunis.
Romney durcit le ton
A moins de deux mois de la présidentielle américaine, le candidat républicain Mitt Romney a aussi tenté d'exploiter la situation. Mercredi, il a estimé que l'administration Obama avait envoyé des "signaux ambigus" à la suite de l'attaque de l'ambassade au Caire, après avoir qualifié mardi de "honteuse" la réaction officielle aux attaques en Egypte et en Libye.
Le Républicain pourrait continuer à durcir le ton sur dossier pour séduire la frange la plus conservatrice de l'électorat américain, comme les militants du Tea Party. Ces derniers reprochaient à Mitt Romney d'être trop conciliant et de s'éloigner de leurs opinions. Cet événement va permettre au candidat répubicain de leur donner le change et peut-être de récupérer suffisemment de voix pour reprendre l'avantage.
La théorie du complot ?
Pour Karim Bitar, spécialiste des cultures arabes et chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), cet événement pourrait tout changer. Il relève que cela s’est déjà produit en 1979 : "Ces images vont rappeler à l’inconscient populaire américain celles de la prise d’otages de l’ambassade américaine d’Iran en 1979. Elle avait été assiégée par des iraniens après la révolution et pendant quelques jours, plusieurs semaines même, l’Amérique avait vu des images de ce type tous les jours. Cela avait conduit à la défaite de Jimmy Carter en novembre 1979."
Certains brandissent déjà la théorie du complot, mais ce n'est pas l'avis de Karim Bitar : "Ce n’est pas lié aux élections américaines, mais cela peut avoir des conséquences. Mitt Romney exploite ces événements pour reprendre la main : ces images risquent de choquer l’Amérique, et avoir des conséquences."