"J'ai survécu à 20 ans d'abus": l'Américain séquestré par sa belle-mère s'exprime pour la première fois

De premiers mots pour raconter l'horreur. L'Américain de 32 ans qui a été retenu captif pendant plus de 20 ans dans une maison du Connecticut, aux États-Unis, avant d'être libéré mi-février, s'exprime pour la première fois depuis sa libération, rapporte Associated Press mardi 15 avril.
"J'ai survécu à plus de 20 ans de captivité et d'abus domestiques", assure le trentenaire.
L'homme, qui préfère rester anonyme et demande à être appelé uniquement "S", affirme avoir été "retenu prisonnier" chez lui, "depuis le moment où (il) a été retiré du CM1, à l'âge de 11 ans, jusqu'à il y a deux mois, à 31 ans".
Ses premiers mots ont été publiés mardi par l'association "Survivors Say" (Paroles de survivants). Ce groupe se présente comme une "organisation à but non-lucratif dont l'objectif est de fournir aux survivants, aux victimes et à leurs familles des services de communication stratégique gratuits et des ressources au lendemain d'une tragédie", dit-il sur son site.
Il déclenche un incendie pour s'enfuir
S. a été secouru le 17 février dernier, alors qu'il se trouvait chez lui, dans le Connecticut. Les pompiers interviennent au départ pour un incendie, alors que la maison est en flammes.
Mais sur place, il découvre un homme ne pesant que 31 kg et visiblement en très mauvaise santé. Le trentenaire leur assure qu'il était retenu prisonnier depuis plus de 20 ans par son père et sa belle-mère, avant que son père ne meure en janvier 2024.
L'ancien captif confie aux autorités avoir été retenu pendant des années dans une pièce sans chauffage, sans climatisation et sans climatisation, avec peu d'eau et nourriture. Il dit avoir "volontairement déclenché l'incendie" qui lui a permis de retrouver sa liberté, en février dernier.
Enfermé dans une pièce avec peu de nourriture
De ses années de captivité, S. se souvient qu'il était confiné 22 heures sur 24 pendant son adolescence. Alors qu'il ne disposait pas de toilettes, il avait confectionné une sorte d'entonnoir pour se soulager et jeter ensuite l'urine par la fenêtre avec une paille.
Personne n'avait visiblement connaissance de sa captivité, en dehors de son père et de sa belle-mère. Deux visites avaient pourtant été effectuées par le Département fédéral de l'enfance et de la famille, ainsi que des visites de policiers, mais aucun mauvais traitement n'avait été relevé.
Le trentenaire assure que son quotidien s'est encore aggravé en janvier 2024, au décès de son père. Seul avec sa belle-mère, il subit encore plus de restrictions.
Un nouveau nom "pour reprendre le contrôle de (sa) vie"
Désormais, S. assure aller "beaucoup mieux" et se sentir "beaucoup plus fort" grâce aux médecins qui l'ont accompagné depuis sa libération. "Je suis extrêmement reconnaissant pour les soins que j'ai reçus", dit-il, après son séjour à l'hôpital.
Il apprécie maintenant des choses simples. "J'ai pu profiter de ma première fête d'anniversaire pour célébrer mes 32 ans", se réjouit-il.
Pour son nouveau départ, l'Américain a décidé de prendre un nouveau nom, qu'il garde confidentiel. "Je l'utiliserai pour reprendre le contrôle de ma vie et de mon avenir", explique-t-il.
"Ce nom est mon choix et c'est le premier des nombreux choix que je ferai pour moi-même maintenant que je suis libre", affirme encore le trentenaire, rappelant que cette affaire n'est "pas seulement une histoire. C'est ma vie".
La belle-mère de S. a été interpellée. Accusée notamment d'enlèvement, d'agressions et d'actes de cruauté, elle a assuré aux forces de l'ordre n'avoir jamais retenu son beau-fils et a plaidé non-coupable.