Etats-Unis: trois agents de prison inculpés pour la mort de soif d'un détenu

Le détenu était mort en avril 2016 dans une prison de Milwaukee, aux Etats-Unis. (Photo d'illustration) - Justin Sullivan - Getty Images North America - AFP
Les autorités américaines ont inculpé lundi trois fonctionnaires pénitentiaires suspectés d'être impliqués dans la mort par déshydratation d'un détenu, un scandale illustrant la face la plus sombre de l'univers carcéral aux Etats-Unis.
Après avoir inondé sa cellule en bouchant ses toilettes avec un protège-matelas, Terrill Thomas, un Noir de 38 ans, avait été transféré dans une autre cellule selon les procureurs. Là, il avait eu l'eau coupée durant sept jours dans sa cellule d'une prison du comté de Milwaukee, la principale ville de l'Etat septentrional du Wisconsin. L'homme souffrant de troubles bipolaires avait sombré dans une profonde faiblesse et expiré le 24 avril 2016, après avoir perdu 16 kilos.
Presque deux ans plus tard, les charges criminelles ont été annoncées lundi par le shérif et le procureur du district. Les trois inculpés sont deux femmes et un homme, dont une responsable hiérarchique, Nancy Evans, accusée d'avoir menti et volontairement dissimulé des images vidéo montrant la cellule de Terrill Thomas privée d'eau. Elle encourt plus de quatre ans de réclusion.
Selon la plainte, couper l'eau était une pratique fréquente
Les agents pénitentiaires Kashka Meadors et James Ramsey-Guy risquent eux d'être condamnés à plus de trois ans de réclusion pour avoir sciemment abandonné à son sort Terrill Thomas.
"Il est extrêmement rare d'engager des poursuites pénales contre des fonctionnaires de l'Etat à la suite du décès d'un détenu. Le fait qu'il y ait eu ces inculpations illustre l'ampleur de la barbarie qui s'est produite", a déclaré à l'AFP Erik Heipt, l'avocat de la famille du détenu.
Selon la plainte qu'il avait déposée, la mesure de rétorsion consistant à couper l'eau aux prisonniers dans ce pénitencier était une pratique fréquente, approuvée en pleine connaissance par le shérif d'alors et les responsables de l'établissement.
Le calvaire de Terrill Thomas, dans un pays à la politique carcérale controversée, n'a été révélé que grâce à l'enquête d'un jury indépendant. Le scandale avait retenti au-delà des frontières du Wisconsin.