États-Unis: Musk soutient l'immigration légale et s'attire les foudres du clan Trump

Elon Musk et Donald Trump, lors d'un meeting, le 5 octobre 2024 - Jim Watson
C'est autour de la question des visas que naissent les premières dissensions au sein du clan Trump. Alors que Donald Trump n'a pas encore repris ses fonctions à la Maison Blanche, les positions de son allié Elon Musk sur l'immigration légale suscitent le débat, voire créent de réelles fissures au sein de sa coalition.
Le fondateur de SpaceX et propriétaire du réseau social X a plusieurs fois exprimé sa position concernant la délivrance des visas H1-B, qui permettent aux étrangers dotés de compétences spécifiques de pouvoir travailler sur le sol américain. Lui-même né en Afrique du Sud, il soutient que les Etats-Unis ont tout à gagner à recruter des travailleurs internationaux notamment dans la tech.
"Le nombre de personnes qui sont des ingénieurs très talentueux et très motivés aux Etats-Unis est vraiment trop bas. Il faut penser comme une équipe sportive professionnelle: si tu veux que ton équipe gagne le championnat, tu dois recruter les plus grands talents d'où qu'ils viennent. Ça permet à l'équipe entière de gagner", écrivait-il sur sa plateforme X mercredi 25 décembre, proposant de "plus que doubler" le nombre d'ingénieurs immigrant chaque année aux États-Unis.
"Je fais référence à l'immigration légale des quelque 0,1 % d'ingénieurs les plus talentueux, qui est essentielle pour que l'Amérique continue à gagner", a-t-il ensuite ajouté.
"Notre culture a vénéré la médiocrité plus que l'excellence"
Le milliardaire Vivek Ramaswamy, lui aussi membre de la coalition Trump, a rejoint Elon Musk sur cette idée et expliqué le manque d'ingénieurs américains talentueux comme un problème culturel.
"Notre culture américaine a vénéré la médiocrité plus que l'excellence depuis trop longtemps (...). Cela ne commence par l'université, ça commence dès le plus jeune âge. Une culture qui célèbre la reine du bal de promo plutôt que le champion de mathématiques, ou le sportif plutôt que le major de promo ne produira pas les meilleurs ingénieurs", déclare-t-il dans une publication sur X.
"Plus de films comme Whiplash, moins de rediffusions de Friends. Plus de cours de mathématiques, moins de soirées pyjama. Plus de compétitions scientifiques le week-end, moins de dessins animés le samedi matin. (...) Plus d'activités extrascolaires, moins de sorties au centre commercial", a-t-il encore suggéré pour pouvoir tenir la route face à la Chine en matière de nouvelles technologies.
De vives réactions dans la frange ultra-conservatrice
Ces déclarations n'ont pas manqué de susciter de vives réactions au sein de la frange la plus conservatrice du clan Trump, qui a immédiatement tenu à souligner les innovations technologiques proprement américaines, à l'image du futur directeur adjoint de cabinet de Donald Trump, Stephen Miller.
En réponse à Elon Musk et Vivek Ramaswamy, ce dernier a publié vendredi sur son compte X un discours prononcé par Donald Trump en 2020, louant les mérites des ingénieurs américains ayant "maîtrisé l'électricité, fissionné l'atome, donné au monde le téléphone et internet".
Autre figure ultra-conservatrice de la coalition, Laura Loomer a pour sa part déploré, toujours sur X, "le nombre de gauchistes de carrière qui sont maintenant nommés pour servir dans l'administration de Trump alors qu'ils partagent des points de vue qui sont en opposition directe avec son programme", critiquant une prise de position de Sriram Krishnan, un investisseur né en Inde puis naturalisé Américain.
L'extrême-droite crie à la censure
Dans le sillage de ces échanges houleux, "au moins" 14 personnalités d'extrême-droite américaines, dont Laura Loomer, ont accusé Elon Musk d'avoir fait retirer la certification de leur profil X, un badge permettant notamment à leurs comptes d'être monétisés, comme le souligne un article de NBC News. La joute verbale avait en effet escaladé entre certains d'entre eux et le milliardaire, ce dernier allant jusqu'à les traiter de "stupides imbéciles" et de "racistes haineux".
En réaction, les intéressés dénoncent à présent la "censure" exercée par Elon Musk à leur encontre et pointent du doigt ce qu'ils estiment être une limitation de la liberté d'expression. Ce à quoi l'homme le plus riche du monde a répondu en déclarant que l'algorithme de son réseau réduisait automatiquement la portée des comptes régulièrement bloqués par les utilisateurs de sa plateforme.
Pour l'heure, Donald Trump ne s'est pas exprimé sur ce conflit né dans les failles de ses propres déclarations, alors qu'il a à la fois soutenu pendant sa campagne vouloir endiguer l'immigration aux Etats-Unis et ouvrir davantage de visas aux travailleurs internationaux qualifiés.