États-Unis: comment l'élection d'un juge dans le Wisconsin a pris une ampleur nationale

Les habitants du Wisconsin votent ce mardi pour élire un juge de la Cour suprême de cet État américain. Un scrutin local qui a pris une ampleur nationale en raison de l'implication d'Elon Musk.

"Les gens ne se rendent pas compte à quel point cette élection est importante". C'est ainsi qu'Elon Musk a présenté dimanche le scrutin qui a lieu ce mardi 1er avril dans le Wisconsin, aux États-Unis.

Cette élection vise à élire un juge de la Cour suprême du Wisconsin, la plus haute instance judiciaire de cet État-pivot lors de la dernière présidentielle. Un scrutin local qui a pris une ampleur nationale.

L'avortement et le découpage électoral au centre de la campagne

Cette instance a un rôle important au niveau du Wisconsin. Les Cours suprêmes des États américains sont les juridictions qui étudient les appels des décisions des tribunaux inférieurs au niveau étatique. Elles ont le dernier mot sur des litiges concernant des sujets très politiques, comme le droit à l'avortement ou des questions électorales.

Elon Musk s'inquiète notamment d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême du Wisconsin dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. Cet État-pivot depuis plusieurs élections présidentielles avait été remporté en novembre par Donald Trump, mais la sénatrice démocrate Tammy Baldwin avait réussi à y être réélue le même jour.

Le conservateur Brad Schimel, soutenu par les républicains, fait face ce mardi à Susan Crawford, soutenue par les démocrates, pour un siège à la plus haute instance judiciaire du Wisconsin.

Composée de sept juges, en cas de victoire de Brad Schimel, la Cour suprême de cet État de la région des Grands lacs basculerait du côté conservateur. Les juges y sont élus pour dix ans.

Le matériel de campagne de Brad Schimel, candidat à la Cour suprême du Wisconsin, sur une chaise au siège du Parti républicain du comté de Marathon, le 31 mars 2025 à Kronenwetter, dans le Wisconsin. © SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Une élection qui a pris une ampleur nationale

Le scrutin représente l'un des premiers tests électoraux d'importance du second mandat présidentiel de Donald Trump - avec deux élections partielles en Floride le même jour pour des sièges au Congrès.

Le président républicain s'est fendu lundi sur sa plateforme Truth Social d'un message de soutien à Brad Schimel. Il s'est surtout attaqué à Susan Crawford, qui serait, selon lui, "un DÉSASTRE pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique" en cas de victoire.

Susan Crawford, candidate à la Cour suprême du Wisconsin, lors d'un meeting au Majestic Theatre le 31 mars 2025 à Madison, Wisconsin. © SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Mais cette élection a surtout pris une ampleur nationale en raison de l'implication d'Elon Musk, patron de Tesla et SpaceX et allié de Donald Trump. Lors d'un meeting lundi, Susan Crawford a estimé que son "réel opposant" pour ce scrutin était Elon Musk, selon l'agence AP.

Pour gagner l'élection mardi, Elon Musk reprend son schéma victorieux de la présidentielle de 2024. Outre les millions versés à la campagne de Brad Schimel, Elon Musk a ainsi remis sur scène à Green Bay deux chèques d'un million de dollars à des électeurs du Wisconsin - une initiative jugée illégale par les démocrates.

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Selon le Centre Brennan de l'Université de New York, c'est "déjà le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine", avec plus de 90 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 49 millions en faveur du candidat conservateur.

Pour l'équipe de campagne de Susan Crawford, Elon Musk tente d'"acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable dans les poursuites engagées par son entreprise contre l'État". Tesla, le constructeur de véhicules électriques détenu par Elon Musk, conteste en justice la décision du Wisconsin de ne pas lui accorder une exception à la règle selon laquelle les constructeurs automobiles n'ont pas le droit de détenir également des magasins de concessionnaires. Et l'affaire pourrait bien finir devant la Cour suprême de cet État.

Sophie Cazaux