Un million de dollars, distribution de chèques... Elon Musk fait tout pour élire un juge à la Cour suprême du Wisconsin

Le milliardaire multiplie les dons et les actions pour faire élire Brad Schimel à la Cour suprême du Wisconsin et mobiliser les électeurs républicains. Il a ainsi offert deux chèques d'un million de dollars. Une méthode déjà utilisée pour la course à la Maison Blanche.

Un million de dollars. C'est le montant des chèques distribués par Elon Musk à deux électeurs du Wisconsin ayant voté au scrutin pour la Cour suprême locale. Comme le rapporte le Guardian, les deux individus auraient ensuite été déclarés porte-parole de son groupe politique.

"C'est un événement majeur", a déclaré Elon Musk ce 30 mars devant une foule d'environ 2.000 personnes. "Je ne téléphone pas. Je suis là en personne." En effet, depuis plusieurs semaines, le milliardaire fait tout pour élire ce 1er avril Brad Schimel, soutenu par les républicains, dans l'Etat américain et faire basculer la Cour suprême du Wisconsin du côté conservateur.

Défis, pétition et dons

En parallèle de ces chèques, Elon Musk a ainsi fait don de 14 millions de dollars à la campagne du juge républicain. Il a également promis d'offrir 100 dollars aux signataires d'une pétition dans le Wisconsin contre les "juges militants".

Ce 31 mars, le milliardaire est allé encore plus loin. Dans une publication sur X (ex-Twitter), Elon Musk propose aux utilisateurs, même s'ils ne sont pas originaires du Wisconsin, de réaliser un défi: "faire en sorte que les habitants de l'État tiennent une photo de Brad Schimel (sur un téléphone/appareil ou sur papier) dans une main et de lever le pouce avec l'autre main" En échange, les deux participants du challenge reçoivent 20 dollars chacun.

"L'argent le plus facile à gagner", lance-t-il. "L'objectif est de sensibiliser le public à l'élection de demain. Cette offre s'applique donc aujourd'hui et demain."

Il faut dire que l'élection est particulièrement scrutée. La plus haute cour du Wisconsin devrait se prononcer sur le droit à l'avortement, le redécoupage des circonscriptions du Congrès, le pouvoir des syndicats et les règles de vote qui pourraient affecter les élections de mi-mandat de 2026 et l'élection présidentielle de 2028 dans l'État.

Le hic, c'est que les initiatives d'Elon Musk sont loin de faire l'unanimité. Les fameux chèques d'un million de dollars sont particulièrement critiqués par certains démocrates. Le procureur général du Wisconsin et démocrate Josh Kaul a ainsi intenté une action en justice pour mettre fin au don. Il accuse le patron d'acheter des votes. Selon lui, Elon Musk viole une loi de l’État qui interdit les cadeaux en échange de votes.

"La loi du Wisconsin interdit d'offrir quoi que ce soit de valeur pour inciter quiconque à voter. Et pourtant, c'est exactement ce qu'Elon Musk fait", a-t-il soutenu.

Un gros donateur politique

De son côté, Elon Musk a nié acheter des votes. Il fait valoir son droit à la liberté d'expression et que toute tentative de restreindre cela violerait à la fois les constitutions du Wisconsin et des États-Unis. Les paiements sont "destinés à générer un mouvement populaire en opposition aux juges activistes, et non à défendre expressément pour ou contre un candidat", précisent les avocats du milliardaire.

Deux juridictions inférieures se sont prononcées en faveur d'Elon Musk. Ce dimanche, la Cour suprême de l'Etat a également refusé, à l'unanimité, de se saisir de l'affaire.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que l'homme le plus riche du monde utilise sa fortune dans le cadre d'une élection. Au total, il a donné plus de 270 millions de dollars pendant la campagne électorale de Donald Trump. Ce qui en fait le plus grand donateur politique de l'histoire récente.

L'an dernier, pendant la course à la Maison Blanche, il avait organisé une loterie. L'objectif? Offrir un million de dollars chaque jour à un électeur inscrit dans l’un des sept États décisifs pour la victoire et qui avait signé une pétition conservatrice.

Le ministère américain de la Justice avait ainsi rappelé à l’équipe de Donald Trump qu’il était illégal d’offrir une récompense de valeur à un citoyen pour voter ou pour s’inscrire sur les listes électorales.

Salomé Ferraris