Élections présidentielles américaines 2024
Élections américaines

Donald Trump poursuit un quotidien et une sondeuse qui l'avaient donné perdant en Iowa face à Kamala Harris

placeholder video
Une enquête publiée avant la présidentielle de novembre donnait la candidate démocrate en tête en Iowa. Donald Trump a finalement remporté le scrutin, et accuse désormais l'entreprise de sondage Selzer & Co d"'ingérence électorale".

Donald Trump a lancé des poursuites contre un quotidien et une sondeuse qui l'avaient donné perdant en Iowa avant la présidentielle, une procédure qui attise les craintes d'une guerre ouverte du républicain contre les médias à l'orée de son second mandat.

Cette plainte très inhabituelle a été déposée ce lundi 16 décembre devant un tribunal de l'Iowa, et cible Ann Selzer (une ancienne sondeuse spécialiste de cet Etat du centre des Etats-Unis, réputée jusque-là pour sa fiabilité) son entreprise de sondages Selzer & Co, ainsi que le quotidien local qui avait commandé le sondage (le Des Moines Register) et sa maison mère Gannett.

Le sondage montrait Kamala Harris devançant Donald Trump de trois points dans cet Etat, et avait provoqué un coup de tonnerre quelques jours avant la présidentielle finalement remportée par le républicain, y compris en Iowa où sa marge a été au bout du compte de plus de 13 points.

La procédure cherche à "faire rendre des comptes pour l'ingérence électorale flagrante" commise en faveur de la candidate démocrate Kamala Harris, argue la plainte. Les avocats de l'ancien et futur président américain accusent la sondeuse d'avoir "inventé les chiffres" et réclament des dommages et intérêts.

D'autres médias vont être visés

Le juriste Rick Hasen, professeur de droit à l'université de Californie à Los Angeles, a commenté la procédure sur son blog Election Law en déclarant "ne pas s'attendre à ce qu'elle aille très loin". Anna Diakun, une avocate à l'institut Knight de l'université Columbia, a dénoncé ces poursuites et exhorté le tribunal à les "rejeter rapidement".

Cette plainte n'est rien d'autre qu'"une tentative de saper l'expression publique et la liberté de la presse, et d'intimider et bâillonner ceux que Donald Trump perçoit comme des ennemis politiques", a-t-elle déclaré dans un communiqué de l'institut new-yorkais, qui défend la liberté d'expression.

Depuis son arrivée sur la scène politique américaine en 2015, Donald Trump s'est toujours montré extrêmement méfiant à l'égard des médias, les accusant récemment d'être des "suceurs de sang" et des "corrompus".

Le président élu a déclaré ce lundi qu'il comptait lancer d'autres procédures contre des médias, notamment l'émission 60 minutes de CBS News, qu'il accuse d'avoir manipulé une réponse de Kamala Harris en faveur de la démocrate.

Ses déclarations intervenaient après l'annonce samedi que la chaîne de télévision ABC News allait payer 15 millions de dollars de dédommagements afin de mettre fin à des poursuites pour diffamation lancées par Donald Trump.

Lark-Marie Anton, porte-parole du Des Moines Register, a dit dans un communiqué que le quotidien avait déjà reconnu que le sondage en question n'avait pas "reflété la marge finale de la victoire du président Trump à l'élection en Iowa" et que le journal avait déjà publié des données approfondies sur ce sondage. "Nous maintenons notre travail sur le sujet et estimons que cette plainte est sans fondement", a-t-elle ajouté.

A.G avec AFP